Lukas & Ivy ✎ "Parfois, pour une raison X ou Y, il pouvait arriver que nos vies changent du tout au tout et ce, que ce soit en bien ou en mal. On devait se réhabituer à notre nouveau quotidien, que ce soit facile ou non. Et une fois que l'on s'y est fait, autre chose peut venir bousculer notre petite vie qui était pourtant redevenue tranquille. Au fond, on ne peut pas oublier ce qui a modifier notre vie. Parce que les souvenirs sont toujours là. On peut tenter de fuir, d'oublier, mais jamais on y arrive complètement. Parce que si ce ne sont pas des souvenirs qui nous hantent, ce sont des personnes qui resurgissent. Et tout les deux reviennent aux moments où l'ont s'y attend le moins." © Cassie G. Skinny.lOve

Tout le monde a un jour fait des erreurs. Tout le monde s'est un jour réveillé seul dans son lit un matin en se demandant pourquoi ou comment arranger certaines choses. Ce sont des phases naturelles dans la vie d'un Homme, Homme en tant qu'être humain. Mais il semblerait que ça ne soit pourtant pas toujours le cas de tout le monde.

Ce jour là, j'entendis mon réveil sonner une première fois. Nous étions lundi matin et il était six heures et demis. Je l'avais éteint et je m'étais rendormie. Je n'avais strictement aucune envie de me lever. Les minutes passèrent sans que je ne réalise, à nouveau plongée dans le pays des rêves, que j'avais cours et que j'étais en retard pour ramener Emma chez la nounou. D'ailleurs, celle-ci me réveilla en me téléphonant dans le but de me demander de lui ramener quelque chose qui appartenait à Emma car la jeune femme avait remarqué que la petite fille avait du mal sans cet objet fétiche. Je raccrochai ensuite et compris enfin l'heure qu'il était. Je me levai précipitamment, allant prendre une rapide douche du fait qu'Emma dormait par chance encore. Je m'habillai, me coiffai, me maquillai rapidement puis j'allai réveiller ma petite princesse qui eut pas mal de difficultés à se lever. Je l'habillai, préparai ses affaires ainsi que les miennes puis je la mis dans la voiture, dans son siège et direction la nounou! Je ne roulai malgré tout pas plus vite que ce qu'indiquaient les panneaux car malgré le fait que j'étais en retard, j'avais une responsabilité avec la petite fille. Je déposai Emma chez la nounou, lui fis un gros bisous puis je m'empressai de reprendre la route pour aller en direction de l'université.

Voila mon quotidien. Je ne faisais que ça depuis maintenant trois années. Je courais à droite et à gauche pour ramener ma fille chez la nounou, aller en cours, la récupérer, rentrer, préparer à manger, faire mes devoirs puis direction le lit. Honnêtement, je ne regrettais pas de l'avoir gardée bien que son père m'avait laissée tomber. Sauf que souvent en la regardant, je le voyais lui et je devais avouer que ça me faisait du mal. Qui n'aurait rien ressentis dans un cas tel que celui-ci? Qui serait resté insensible à cela? Certainement pas moi. Et à chaque fois je me promettais de faire vivre un enfer à cet homme qui avait été si lâche si jamais je le revoyais, si jamais il revenait à Miami. Mais en trois ans, je n'avais eu aucunes nouvelles de sa part, rien. Strictement rien. Alors comment aurais-je pu imaginer que ce jour là allait être un nouveau tournant?

J'étais réellement à la bourre. Je m'empressai de passer récupérer mon emplois du temps de la semaine. Je ne fis attention à rien, ni à personne d'ailleurs. Je fis juste rapidement attention à la salle dans laquelle je devais me rendre pour en plus de cela un cours obligatoire en comité un peu plus restreint. Je ne lu même pas le nom de mon professeur, fatale erreur. J'arrivai devant la porte de ma salle, je l'ouvris et pénétrai à l'intérieur tout en rangeant rapidement quelque chose dans mon sac, m'excusant pour le désagrément causé:

-Bonjour. Excusez mon...

Je m'arrêtai bien vite. Je venais de relever mon regard vers l'endroit où devait se tenir mon professeur et la personne que je vis en face de moi me fis m'arrêter net dans ma lancée. Je m'étais littéralement arrêtée sur place. Lui? Ici? Je terminai ma phrase rapidement, d'une voix déjà bien plus basse et moins enthousiaste surtout:

-... Retard, monsieur Ainsworth.

Professionnelle. Je me devais de rester professionnelle. Je repris mon chemin jusqu'à ma place. Depuis quand était il de retour? Et surtout, depuis quand était il à nouveau mon professeur? Je savais bien que j'aurais du prendre le temps de lire le nom de mes profs pour ce semestre. Je le savais. Je sortis mes affaires rapidement. Lukas... Le père de ma fille. Fille qu'il n'a jamais demandé à voir, dont il n'a jamais demandé de photos ou de nouvelles. Fille qu'il a abandonnée avec sa mère. Savait il d'ailleurs seulement que notre enfant était une fille?

Les choses n'étaient jamais simple dans la vie. On avait tous droit aux hauts et aux bas. Ceux qui disaient ne pas en avoir, ceux qui prétendaient que tout allait bien dans le meilleur des mondes mentaient. C'était impossible qu'ils ne vivent rien de différent, de moins amusant voir de triste ou de déprimant. C'était ainsi qu'allait la vie. Elle n'était jamais toute rose ou toute noire. Pour moi, elle avait souvent changé de couleur. Pourtant, je l'aimais toujours autant. Et vous voulez savoir pourquoi? Tout simplement parce qu'elle m'avait fait le plus beau cadeau: elle m'avait permis de devenir mère, même si j'étais très jeune, même si j'avais peur et même si j'avais du assumer toute seule. Emma était devenue ma vie, mon rayon de soleil, celle qui me montrait la vie plus souvent en rose qu'en noir ou qui la transformer en bonheur quand malgré tout, j'avais juste envie de laisser tomber des choses, des envies ou des rêves.

Aujourd'hui, j'étais dans cette salle de classe en compagnie d'au moins une trentaine d'élèves, tous étudiants en cinquième année comme moi-même. Dans cette même pièce se trouvait, au bureau, ce beau professeur de français. Comment cela se faisait il qu'il était de retour? Depuis quand? Des tonnes de questions se bousculaient dans ma tête et pour la première fois depuis longtemps, je n'écoutais pas son cours. J'avais d'autres choses à penser qu'aux principaux auteurs de la littérature française du Moyen-Âge. Il m'avait appelée "Mademoiselle Calloway". Combien de temps cela faisait il qu'il ne m'avait pas appelée ainsi? Je l'ignorais. Je n'avais plus réellement la notion du temps depuis que j'avais franchis le pas de la porte pour découvrir qu'il allait être mon professeur pour ce semestre. Et si je changeais? Je savais pourtant que j'avais décidé de lui faire vivre un véritable enfer mais, le revoir m'avait projeté des tonnes de doutes en plein visage. L'heure passa, doucement.

J'avais beau regarder l'horloge en face de mois, accrochée juste au dessus du bureau, ça ne changeait rien. Les secondes s'écoulaient lentement, comme des grains de sable tombant d'une main. Lorsque la cloche sonna enfin, je soupirai de soulagement. C'était à peine si j'avais osé le regarder. J'avais peur. Peur? Oui. Non, je me retrouvais pas comme une gamine de dix-huit ans qui avait la trouille d'aller aborder l'homme qui lui plaisait. J'avais dépassé ce stade. Avec Emma, je n'avais de toute façon plus réellement le temps de penser aux hommes, aux sorties etc... Mais j'avais eu peur de m'énerver en voyant son regard ou de faire n'importe quoi de déplacé, quoi que ce soit qui n'était aucunement à faire. Je laissai cependant les autres étudiants partir et lorsque je finis par me retrouver la dernière dans la salle, je m'approchai du bureau, mon sac sur l'épaule.

-Depuis quand t'es rentré?

Non, la politesse n'allait plus être de mise. J'estimais qu'avec ce qu'on avait vécu ensemble, je n'avais plus à être spécialement polie avec lui, surtout maintenant que nous étions seul à seule. J'ajoutai rapidement:

-J'espère que t'es en forme et que ta disparition t'a été bénéfique.

J'étais assez ironique. C'était ma façon à moi de tenter de faire passer un message de manière sous-entendue. Le message? Bonne chance, je ne te rendrais pas la vie plus simple parce que toi, tu as fait tout le contraire avec la mienne. Et si c'était trop dur de le voir régulièrement, je pourrais toujours l'éviter et demander à changer de professeur, même si ça ne serait pas simple de faire ça... En attendant, j'étais son élève et c'était comme ça. Pas autrement.

Un mois. Un mois déjà qu'il était rentré. Vous vous rendez compte? Cela faisait un mois qu'il était de retour. D'accord, j'étais pas là. Mais était-ce une raison?! Il aurait pu me laisser un mot, un mail, un message sur mon répondeur ou que savais-je encore pour me prévenir qu'il était de retour à Miami. En même temps, comment pouvais-je être surprise? Il n'avait pas prit la peine de me contacter une seule fois en trois ans alors pourquoi l'aurait il fait maintenant? Je préférai ne rien répondre. A quoi bon se fatiguer? Il s'en prendrait bien assez la figure par la suite. Je pris le ton de l'ironie pour enchaîner. Ce à quoi il répondit, après quelques secondes de silence: "Écoute Ivy, je sais que j'ai fait, c'est lâche, c'est nul, c'est sans doute la pire connerie que j'ai pu faire. Je sais aussi que je suis un connard, un trou du cul, un tout-ce-que-tu-veux mais.. Il ne termina pas sa phrase. Nan, sérieux? Et à votre avis, il avait trouvé ça tout seul? Premier cassage:

-T'as trouvé ça tout seul? C'est un bon début. Mais t'es encore loin de la vérité mon pauvre. Mais quoi? Termine ta phrase maintenant que l'as commencée.

Je soupirai. Qu'est-ce-que je fichais là? Sérieusement, c'était ridicule. Je me demandais même pourquoi je m'étais arrêtée à ce bureau. Pourquoi avais-je attendu que tout le monde parte au lieu de me faufiler dans la masse pour éviter Lukas? Je me sentais mal. Je devrais plutôt m'empresser de rentrer retrouver ma petite Emma mais au lieu de ça, je restais là à parler avec celui qui nous avait lâchement abandonnées. Il avait tenté de se justifier mais aucune fois dans ses pseudos excuses, dans ce qui était sensé ressembler à des excuses tout du moins, jamais il n'avait posé de questions sur ce qu'était devenu notre bébé. Comment devais-je le prendre? N'en avait il donc réellement rien à foutre? Le regardant dans les yeux, je repris:

-Il y a quand même une question que je dois te poser... Est-ce-que tu t'es, ne serait-ce qu'une seule seconde, posé la question sur ce que j'ai décidé de faire après ton départ? Est-ce-que tu t'es seulement demandé ce que je suis devenue ou ce que nous sommes devenu(e)s? Tu n'as pas pris une seule fois la peine de prendre de mes nouvelles! Rien!...

Bah quoi? J'avais quand même bien le droit à des explications non?