Une nouvelle année s'abattait froidement, rapellant un peu plus à Kieran que le souvenir qu'il avait de sa femme, de son ancienne vie, resterait une unique image. Image qui avec le temps, peu à peu s’effacera, laissant place à une amertume horriblement prononcée. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui il se devait de se lever dans la meilleure humeur possible, on était lundi, et une nouvelle semaine de cours s'annonçait. Il aimait son boulot, vraiment plus que tout au monde, et c'était encore bien la dernière chose qui lui permettait de tenir, il n'était pas sentimental au plus haut point, mais il avait tendance à être très vite affecté par les conséquences de la vie. Il se leva alors de son lit, comprenant bien que l'heure était au rendez-vous et s'habilla d'un style toujours légèrement décalé mais relativement classe, c'était un peu l'avantage d'être professeur en stylisme. Il prit soin de prendre sa petite pochette qui contenait les partiels qu'il se devait de rendre aux élèves, et, partit de chez lui un café à la main. Il n'habitait pas si loin de l'université, mais il aimait à prendre sa voiture pour écouter de la musique et pouvoir fumer tranquillement, même s'il faisait bon, l'air était légèrement frais ces derniers temps.

Une fois rentré dans sa petite cadillac noire, il alluma la musique, tombant instantanément sur une chansons d'aerosmith - dream on. Il se mit alors à chanter en rythme, alternant alors bouffées de sa cigarette et moments de bonheur. Une fois arrivé au lieu dit, il se rendit compte qu'il n'était pas en avance et se précipita alors dans les couloirs, vides. Il rentra néanmoins tranquillement dans le petit amphithéâtre où il vit une horde d'élèves le regarder avec attention, oui, il aimait se donner en spectacle de temps à autre. Il pris alors un air faussement outré avant d'annoncer fièrement ; - Ce n'est pas la peine de me regarder comme cela, bande de ni-sainte, ni-touches. Faites plutôt fonctionner vos méninges, j'ai le résultat de vos partiels, et tâchez à savoir qu'ils ne sont pas des plus excellents. Je vais éviter la partie où je vous sermonne, en vous disant que vous ne travaillez pas assez, mais je vais plutôt me remettre moi en question, à partir du moment où ça va dans les deux sens. Essayez d'être cool, et de faire semblant de bosser un minimum, quoi ! Il était vraiment sypathique comme prof, il savait très bien que s'il voulait passionner des élèves comme cela, il fallait qu'il s'adapte à eux, qu'il essai de leur donner envie de s'en sortir. Bien évidemment même si Trinity était une des pires universités, il savait pertinemment que beaucoup d'élèves avaient les capacités d'aller à Harvard, ou encore dans des écoles des plus prestigieuses.

Il commença alors par sortir les copies de son petit sac en cuir avant de distribuer machinalement les copies, s'attardant sur quelques petits commentaires, lorsque vint une copie, cette fameuse copie. Il regarda alors l'élève en question : Zéphyr. Il l'interpella du regard et lui annonça. - Je souhaiterai vous voir à la fin du cours, mademoiselle Oxlade. Il avait toujours cette fâcheuse tendance à ne pas la regarder dans les yeux, elle lui rappelait beaucoup trop sa femme, et cela lui faisait mal, bien trop mal. Le cours qui s'en suivit était plutôt intéressant, du point de vue du professeur, et lorsqu'enfin cette stridente sonnerie se mise à sonner, il fit un petit signe à Zephyr pour lui faire signe qu'elle devait venir en sa direction, il attendit alors que tout le monde sorte et ferma la porte. Il lui fit alors un petit sourire, fuyant son regard, et, par mégarde s'y plongea. Ses yeux, ils étaient en harmonie parfaites avec son visage, une couleur chocolatée bien trop semblable à celle de sa femme défunte. Il se tourna alors légèrement vers elle, passant une main dans ses cheveux et annonçant ; - Je suppose que vous savez pourquoi vous êtes là ? il descendit son regard en direction du devoir, rendu plus tôt. - Mais d'abord j'aimerai savoir comment vous allez depuis ... il faisait bien évidemment référence à la scène de l’ascenseur, il s'en sentait honteux, mais, il se devait d'avoir une réponse.

Perturbé. Voilà ce qu'il était à l'heure actuelle, dans le fond si ce matin il s'était levé, il savait très bien que c'était en parti pour parler à Zéphyr, il misait beaucoup sur la jeune femme, probablement par son côté plein d'ambition qui lui rappelait sa propre personne plus jeune. Dans le fond lorsqu'il regardait vers le passé, il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il avait loupé sa chance, il avait eu jadis, pleins de rêves en tête, qui très vite s'étaient transformés en illusions, et aujourd'hui il finissait prof, dans une des pire université d'Amérique. Certes, il adorait vraiment son job, essayer d'aider les jeunes, leur donner de la motivation était son but principal, mais, dans le fond il aurait voulu une vie plus active que celle qu'il avait aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, il était dans l'obligation de se contenter de ce qui l'entourait, des amis, un job honorable, un fils. Son fils, c'était surement sa plus belle fierté, et il ne le regrettait pour rien au monde, même s'il l'avait eu tôt, trop tôt, pour lui. Pourtant, chaque jour lui rappelait un peu plus que même s'il avait beau se lamenter, il avait de quoi vivre, et dans le fond c'était le principal. Il savait qu'il n'était pas le meilleur professeur au monde, il aimait juste à faire son maximum pour intéresser ses élèves, qu'ils soient passionner de son cours, qu'ils aiment l'interactivité de celui-ci. Alors, lorsque le cours fut terminé, il espérait que celui-ci fut intéressant, c'était toujours une préoccupation chez lui. Quoi qu'il en soit, il vit alors au loin Zéphyr arriver, le coupant de toutes pensées. Instantanément, il vit sa femme, celui qu'il avait tant chéri. Elle lui ressemblait incroyablement, il ne lui avait jamais dit donc il évitait de regarder l'étudiante en général, mais certaines fois, c'était simplement trop prenant. Lorsqu'il la voyait, une irrémédiable envie de lui sauter dessus était présente, bien sûr il se contrôlait, c'était son étudiante. Alors, savoir qu'il se retrouverait seul avec elle dans cette classe ne le rassurait en rien, mais après tout c'était bien lui qui lui avait demandé de venir.

Il fut légèrement surpris lorsqu'elle lui avoua ne pas avoir regardé sa copie, dans le fond, elle savait probablement qu'elle devait avoir réussit. Il hésita à lui faire une mauvaise blague, mais après tout, il fallait qu'il garde un petit peu de sérieux. Avant tout, il fut heureux d'apprendre que l'incident de l’ascenseur n'était que passager, et il ria alors à la petite remarque de la jeune femme. Il évitait toujours à la regarder dans les yeux, mais il savait que cela paraîtrait suspicieux s'il ne le faisait pas un minimum, alors à chaque fois qu'il frôlait du regard ses beaux yeux chocolatés, il perdait tout contrôle. Il tenta de se reprendre en bégayant légèrement, et annonça. - Assieds-toi je t'en pris ... il lui montra d'un geste une petite chaise en face de lui, ainsi il se tenait l'un en face de l'autre comme à un rendez-vous. Il reprit en main la copie, avant d'afficher un grand sourire sadique sur son visage et de dire. - Vous auriez-pu faire mieux ... seulement A+, je suis déçue mademoiselle Oxlade. Il ne pu s'empêcher d'émettre un petit rire avant de reprendre de plus belle, il savait très bien qu'elle était une de ces plus brillantes élèves et qu'elle dépassait tout le monde, elle était très prometteuse, dommage qu'elle s'attardait à faire semblant de se donner un mauvais rôle.

- En réalité, je tenais à te présenter mes plus sincères félicitations. J'ai été très étonné par la manière avec laquelle tu parviens à expliquer chaque petit détail, la capacité que tu as à t'exprimer clairement, et surtout toutes les connaissances que tu accumules. Celle-ci mêlées à un esprit plus que créatif. Tu sais, je comprends que tu veuilles te donner un style ou quoi que ce soit, j'ai l'air de comprendre que tu n'es pas des plus heureuses ici, enfin après tout je me trompe peut-être, j'analyse simplement. Je me dis que tu restes en retrait face aux autres, pourtant, tu as toutes les capacités nécessaires pour être une leader. Tu as le talent pour rentrer dans une grande école, une école bien plus prestigieuse que celle-ci, alors Zéphyr sérieusement, que fais-tu encore ici ? Est-ce que quelqu'un te retient de partir ? Elle était une des seules élèves qu'il osait tutoyer, bien sûr en comité restreint comme ici. Il pensait tout ce qu'il lui avait dit, il attendait maintenant de voir la réaction de la jeune femme.