« Aujourd'hui cela fait 3 mois que maman est morte. Parfois j'ai cette impression de pouvoir l'entendre, j'ai l'espoir de pouvoir la toucher encore une fois ou de lui demander des conseils. Je me retrouve seule, seule sans personne. Bien sur y a mon père mais ce n'est pas la meme chose. Lui est musicien, il vit de façon Bohême et ne demande jamais rien. A vrai dire je me demande même si on lui a apprit a parler. Il ne dit rien, comme en ce moment, rangeant les affaires de maman dans les cartons. Une larme perle sur sa joue, tout comme moi qui prend la photo sur la table de chevet. Elle est si souriante, ses cheveux blonds tombant sur ses épaules encadre parfaitement sa peau couleur caramel. Je lui ressemble par moment selon mon père dans un de ses rares moments de lucidité, il dit que je suis sa fierté. Peut être que je devrais engager la conversation, rompre ce silence qui est encore plus morbide que l'enterrement. "Papa ?... Enfin tu devrais te reposer !"  C'était une mauvaise idée. Finalement le silence est bien mieux que des mots mal places. Restant sans rien dire, je le regardais s'asseoir sur le canapé. Il me scrutait avec tristesse, j'étais encore plus bloqué que tout a l'heure. Je savais ce qu'il attendait, il voulait que je lui dise que je reprenne la pâtisserie de maman, que je garderais l'appartement qu'il quittait pour problème financier mais moi je ne pouvais pas, c'était trop dur. Penser a elle constamment me faisait mal, dans ma vie mais surtout dans mes choix. Est ce qu'elle serait fière de moi ? Comment je dois faire dans cette situation ? Maman était tellement importante.   "Pas la peine de ranger ça, vu que tu restes pas ici on va tout jeter !"  "Mais..." "Écoute-moi pour une fois!" me dit-il d'une façon désespéré.
Je capitulais. Peu a peu, je me disais que ce n'était plus la peine. Lutter pour céder ce n'était plus ce que j'aimais faire avec papa. Alors je jetais tout, sans un regard vers lui, les vieux trucs de maman tombaient dans le sac noir en plastique, un manteau s'en suivit puis après la douleur me submergea.
Les cliquetis des clés raisonnaient en écho dans ma tête. Je ne savais pas ce qui ce passait au tour, je savais juste que là j'étais bien. Ma douleur n'était plus présente, mes yeux clos j'étais persuadée que j'avais du manger quelque chose a base d'herbe pour être dans un état pareil à midi. J'avais pas envie d'ouvrir les yeux, après tout m'interrompre dans un moment pareil ce n'était sûrement pas très malin sauf si vous avez envie que je vous crie dessus ! "Comment elle s'appelle ?" Qui parlait ? Je ne savais rien. Rien du tout, en faite je crois que j'étais dans un autre monde comme Alice qui tombe dans le trou du lapin, un monde parallèle. "Maleya Deacon" déclara le vieil homme. "Avec ce qu'on lui a mis, ça devrait aller ! Vous inquiétez pas !" Dans la chambre, on entendit un petit soupir de contentement. Il avait l'air heureux comme si on lui avait retiré un poids sur le cœur. Quand a moi, j'avais décidée de jouer les prolongations en restant dormir un peu. Après tout ce que j'avais vécu, j'avais bien le droit non ? En même temps qu'on me dise oui ou non, j'avais l'habitude d'en faire qu'à ma tête. Ne joue pas avec ça, ne dis pas ce genre de mot, tout ce qu'on me disait de ne pas faire, je le faisais. Par provocation ou par méchanceté avec le temps je me suis un peu assagi. Un peu bien sur.  "Maleya..."

Encore cette même voix, je ne comprenais pas pourquoi elle voulait tant que je revienne a moi. De mauvaise grâce, j'entrouvrais les yeux pour les refermer ensuite. La lumière du néon m'avait complètement aveuglé, je voyais des petites étoiles. "Tu es à l'hôpital ! Ne t'inquiète pas, tu vas bien !" "Je peux... Dormir ?"Demandais-je doucement. Le petit rire de mon père se fit entendre dans la pièce, sa main passait doucement sur mon visage avant que je m'endorme paisiblement.

En sortant de l'hôpital quelques heures après, le soleil était le même que dans la chambre. Il frappait tellement fort que je plissais les yeux à chaque fois que je faisais un pas. Mon père allait peut être paniqué si il voyait mon lit vide, à moins qu'il soit repartit comme il le faisait tout le temps quand ça devenait trop délicat. Je n'étais pas comme ça, j'espérais du moins, fuir n'était pas un de mes défaut alors que la jalousie était un tout autre terrain. Alors pourquoi je... "Maleya ! Attend !" Manquais plus qu'elle. C'était la personne que je ne voulais pas voir en ce moment mais bon j'allais faire bonne figure. Une brune assez grande se dressa devant moi. Son visage assez rond et son maquillage trop prononcé lui donnait des airs de danseuse de la nuit.  "Salut Kate ! Ça va ?" dis-je avec un sourire des plus hypocrites. "Oui ça va ! En faite je voulais savoir si tu comptais ouvrir la pâtisserie enfin tu sais... Ta mère m'avait dit que je serais la nouvelle gérante en cas de souci..." "Euh... Désolé mais je ne suis pas au courant sachant que je vais reprendre la pâtisserie selon le testament je vais aussi en profiter pour revoir le personnel. Je te tiens au courant ? Je suis pressée ! A bientôt !"

J'avais cru rêver sur le moment. Comment ça elle osait parler à la place de la mère ? Oui je ne voulais pas de cette boulangerie, je ne voulais même pas vivre a Miami parce qu'à Boston j'avais ma vie et mon travail mais là il était hors de question que je cède a une quasi-inconnu ce que maman avait fait pendant plus de 10 ans. J'étais sûrement passé pour une fille très peu sympathique auprès de Kate néanmoins elle avait été d'un culot hors pair. Quoi qu'il en soit, Ma décision était prise, je restais.

« Il devait être dans les midis quand quelqu'un frappait à la porte. Revenu à Boston depuis hier matin, je me mise à courir pour ouvrir. Souriante comme pas possible je me jetais littéralement dans les bras Mickael. "Salut toi !" "Alors comment c'était ? Ta ramener les photos ? Ta mon cadeau ?" dit j’en restant dans ses bras. J'étais tellement excitée que je me rendais même plus compte que je sautillais presque sur place comme une enfant un matin de Noël. "Deux minutes, déjà je vais rentrer dans ton appart et... Tu déménages ???"

Soupirant, je ne savais pas quoi dire. Mickael c'était un peu mon tout ici à Boston. J'avais suivis des études de photographie pendant 3 ans avant de partir sur un coup de tête, c'est en cherchant du travail que j'ai rencontré Mickael. Il était responsable d'un magasin de photo, le dernier de Boston, j'avais laissé des papiers pour qu'il examine ma demande mais à peine que j'étais partis voilà qu'il m'appelait. Un coup de cœur vraiment alors j'appréhendais sa réaction avec une crainte palpable.  "Non mais dis moi que tu fais juste ça pour le ménage du printemps ou une connerie sortit d'un magasin féminin !" "Mickael, ça devait bien arrivé !" "Et tu vas être la a mon mariage ou là aussi tu t'esquives ?" Posant ma tête contre le mur, je préférais laisser écouler quelques secondes. Son mariage, je ne viendrais pas parce que je ne supportais pas la fiancée puis beaucoup de chose m'attendait dans ma nouvelle vie. "Tu vas devenir folle à Miami ! La chaleur et tout ce n’est pas ton truc, je te connais !" "Je fais ça pour elle, j'ai vécu pour moi pendant longtemps, j'ai besoin de changement !" dis je en retirant le tableau du mur blanc.
Mon appartement n'avait jamais été vraiment décoré, quelque part j'avais espéré ne jamais rester ici. La preuve la seule chose qui ressemblait a de la décoration chez moi c'était ce misérable tableau que je tenais dans la main. Un homme barbu venant des pays d'Orient, il avait un turban sur la tête et un fond bleu qui contrastait avec sa peau très mate. Je ne savais pas quoi en faire a vrai dire je pensais le jeter pour en trouver un autre bien qu'Au fil des mois, il était devenu mon compagnon d'infortune, je lui parlais comme le ferais des personnes a leurs animaux. Une sorte d'exutoire. "Je pars... Je ne reviendrais pas là-dessus !"
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« Quand je suis revenu à Miami, la chaleur était toujours aussi étouffante, je crois que le climat n'était pas prêt de changer et pour le moment je trouvais ça agréable. Les rayons sur ma peau claire, je déambulais dans la rue avec mes lunettes sur le bout de mon nez. J'allais en direction de la boulangerie de ma mère aux abords de la plage. De couleur bleuté avec un croissant en tant qu'enseigne, elle ne passait pas inaperçu dans la rue. Je me souvenais de tout les moments ou j'avais été ici, c'est vraiment avec une certaine nostalgie que je pénétrais a l'intérieur. L'odeur du pain frais régnait encore comme si le boulanger en avait encore fait, les croissants étaient présents sur les étalages alors que les tasses de cafés réclamaient d'être nettoyer. Ma main passait sur le comptoir soudainement souriante quand je me revoyais derrière la console tendant mes bras vers ma mère pour avoir des bonbons. Oui, j'étais fan de tout ça comme tout les enfants par contre ce que je détestais c'était bien les rencontres chez le dentiste après.

La boulangerie était en bonne état, je pensais qu'il n'y avait pas de réaménagement a faire surtout qu'elle marchait bien avant le décès de ma mère. Alors, j'allais l'ouvrir demain ou après demain, d'abord je devais régler le problème de l'éclairage ainsi que passer un petit coup de chiffon sur les vitres. Elle allait être fière de moi, sûrement, j'espérais qu'elle se rende compte de tout les efforts que je faisais pour son deuxième bébé comme maman l'appelait.
Le bureau du patron était toujours là, la porte entrouverte, je me faufilais a l'intérieur, le lieu transpirait de l'odeur de ma mère. Un mélange de parfum fruité qui était en parfait harmonie avec l'odeur des croissants. Mon sourire s'afficha sur mon visage, je devais passer a autre chose pour moi, il était temps que je sorte un peu de cette bulle que je m'étais créé depuis ces fameux trois mois. Ma mère ne m’abandonnerait pas pour autant si je ne pensais plus à elle. Elle qui avait toujours été sans attache mise a part moi, je reconnais que ce n'était plus moi. Alors je pris les devant, m'installant derrière le vieux bureau marron, je fis de la place parmi toutes les feuilles ainsi que les factures qui trônaient sur une grande pile de papier format A4. Toutes étaient écrites en rouge avec en gros caractère : dernière relance! Mon cœur ne fit pas pour autant un bond après tout je n'étais sûrement pas la seule qui avait des dettes et avec l'argent qu'il restait, je pouvais en payer quelques unes. Certes pas toutes mais une grande majorité, je retarderais l'échéance avec nos autres fournisseurs et tout devrais bien ce passer. A l'espoir quand tu nous tiens !

Je suis rentrée chez moi enfin plutôt dans mon nouveau petit nid. Un nouvel appartement flambant neuf que j'avais encore hérité. Sa façade est tellement belle, moderne avec des couleurs roses pales, mélangé avec du blanc. Il avait été refait après un incendie meurtrier. Plus de 100 personnes étaient décédé, la plupart des gens de la ville avait voté pour sa non reconstruction, remplacé les ruines par une plaque commémorative mais un promoteur immobilier un peu véreux a su vendre son projet au maire. Certains disent qu'il a été soudoyé, maman pensait ça au début mais elle fut tellement emballée par ce petit trois pièces. C'est vrai qu'il était beau, décoré sobrement mais avec goût j'allais bien vite mit faire. Je commençais mon nouveau travail demain, j’étais parfaitement heureuse même si je me sentais coupable de laisser le rêve de ma mère.
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