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 I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]

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J. Nolan Edgecombe

J. Nolan Edgecombe

Messages : 66
Date d'arrivée à Trinity : 27/02/2012



I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] Vide
MessageSujet: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyLun 27 Fév - 22:14





Moi c'est Nolan Edgecombe, je suis né le 22 août 1980 à New-York, j'ai donc 31 ans ans. Dans la vie je suis PDG d'une multinationale qui fait des pâtisseries mais dont la spécialité sont les cupcakes. Côté coeur, on peut dire que je suis marié mais malheureux en ménage et amoureux d'une mineure et intéressé par les femmes. Et pour finir, je fais parti des redbull.
questionnaire
répondez ici aux questions ci-dessous.
✏️ quatre qualités et quatre défauts qui te qualifient le mieux ? Je suis d'une patience et d'un calme olympien. Je ne m'énerve que vraiment très très rarement. J'ai tendance à être très protecteur à l'encontre des personnes auxquelles je tiens, aussi. Mais aussi, et surtout, je suis très très travailleur. Bosser ne me fais pas peur. Concernant mes défauts, je dois reconnaitre que je manque parfois de caractère et que, par conséquent, les personnes plus fortes tentent de me faire tomber plus bas que terre. Heureusement que je suis résistant. Parmi mes autres défauts, je dois dire que je suis quand même constamment stressé, inquiet, sur des charbons ardents et que je me noie dans le boulot..
✏️ depuis combien de temps vis-tu à Miami ? Je vis ici depuis que j'ai quinze ans. Avant ça, le siège sociale de l'entreprise familiale, se trouvait à New-York. Mais prit d'une soudaine envie de plage, de solel et j'en passe, mon père a décidé de changer de ville ... J'aime bien Miami, je compte donc y rester, contre toute attente..
✏️ la vie, tu la vois en quelle couleur ? Noire ou blanche, jamais grise et encore moins rose..
✏️ comment tu trouves Trinity ? Je n'ai pas fais mes études ici et j'ai un emploi du temps bien trop chargé, pour y prêter plus attention que ça..
✏️ t'en penses quoi des études ? Les miennes m'ont permises d'aller loin, haut ... C'est cool..
✏️ t'as des passions dans la vie ? Mon job, la pâtisserie mais plus précisément, les cupcakes qui sont la spécialité de mon entreprise. Sinon, j'adore la musique, la peinture et les livres..
✏️ une anecdote à nous raconter ? Je suis marié depuis treize ans, à une femme que je n'aime pas. Pourquoi ? Parce que mon père a fait en sorte que je n'ai pas d'autre choix que celui ci, pour obtenir cette entreprise à laquelle je tiens tant ... Pour continuer dans ce registre là, je me dois d'avouer qu'au début de mon mariage, je n'avais de cesse de perdre fort mystérieusement, mon alliance. Une fois, elle est tombée dans le lavabo dans la salle de bains, la fois suivante dans le mixeur, perdue dans la machine à laver et j'en passe ... Malheureusement, ma femme a suffisamment d'argent, pour m'en acheter d'autres ....
✏️ un signe particulier ? Je suis asthmatique. En cas d'émotion trop forte, je m'étouffe ... C'est con..
✏️ qu'est-ce que tu adores, et qu'est-ce que tu détestes ? J'adore passer mon temps en cuisine, à faire des gâteaux en tout genre. J'adore découvrir de nouvelles musiques, j'adore m'endormir après avoir lu et en écoutant des chansons calmes et apaisantes. Je déteste être contrôlé par qui que ce soit, je ne supporte pas le mensonge, la connerie humaine et j'en passe ....
✏️ t'as des phobies, des manies, des tics ? J'ai peur de mourir étouffé ... C'est sans doute con mais être asthmatique me fait cet effet là. Quand je fais une crise, je panique plus que de raison et ça empire encore la chose. J'ai étrangement peur que ma femme ne m'étouffe dans mon sommeil. C'est con quand l'on considère le fait qu'entre nous deux, c'est sans doute moi qui ais le plus des envies de meurtres envers l'autre ... Parmi mes tics, j'ai tendance à me laver les mains constamment, bien trop souvent, plus qu'il ne le faudrait. Au point où, en hiver, mes mains sont même franchement rouges et en sale état. C'est plus fort que moi, vieille habitude qui a prit de l'ampleur ....
toi & toi seul

Je m'appelle Morphine, j'ai 21 ans ans, vous pouvez me trouver en rhônes alpes. J'ai choisi de prendre comme avatar Jared Leto et j'ai connu le forum grâce à PRD. Mais surtout vous pourrez me trouver 7/7 jours sur le forum. Et je souhaiterais dire une dernière chose : Pas touche à ma Lhoà Very Happy (a)




Dernière édition par J. Nolan Edgecombe le Ven 2 Mar - 2:31, édité 10 fois
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J. Nolan Edgecombe

J. Nolan Edgecombe

Messages : 66
Date d'arrivée à Trinity : 27/02/2012



I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] Vide
MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyLun 27 Fév - 22:14


it's my life ...

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« Un garçon ! Notre enfant sera un garçon ! » De longs soupirs de soulagement se firent entendre de la part de Noah, qui n’était autre que mon père. Après avoir mit au monde quatre filles, ils étaient on ne peut plus ravis d’apprendre qu’ils allaient enfin avoir un garçon. C’était presque trop beau pour être vrai tant ils avaient attendu cela. Ils avaient même commencés à penser sérieusement à l’adoption, pour avoir enfin un mâle sous leur toit. La raison de tout cela, était bien simple. Mais il est encore trop tôt pour en parler. Revenons-en plutôt à la petite scène qui se déroulait à cet instant là dans une immense maison qui tenait davantage du manoir que de la simple maison. Mais ils aimaient à appeler cette demeure « le petit cocon des Edgecomb ». Tu parles d’un cocon ! Bref, passons ! Toute la famille au grand complet, était réunie pour cette annonce qui, de toute évidence, valait sacrément le coup de s’être déplacé sur des centaines de kilomètres, pour certains. L’annonce de mon sexe, ne ravissait pas uniquement mes parents, mais bel et bien toutes les personnes ici présentes. C’était presque la meilleure nouvelle qu’il y avait eut depuis bien des années. Après le rétablissement miracle de mon grand-père paternel, qui était atteint d’une maladie grave et dont l’espérance de vie s’était brutalement raccourcie avant de se stabiliser à un certain nombre d’années, ce qui semblait être toujours mieux que rien de toute évidence. Bien sûr, tous étaient tristes du fait que cette figure emblématique de leur famille, disparaitrait tout de même plus rapidement qu’il n’aurait du, s’il n’avait pas eut ce foutu cancer. Mais au moins avait-il le temps de mettre toutes ses affaires en ordre, en attendant la fin douloureuse qui l’attendait. Seul un point le chagrinait vraiment pour sa part. Et c’était le fait de constater qu’il n’y aurait pas de descendance mâle du côté de son fils, pour assurer la reprise de l’entreprise familiale qui avait été bâtie par son propre père, alors qu’il n’avait que trente petites années. Il aurait pu laisser sa gestion au fils de l’une de ses filles. Mais cela reviendrait à casser un rythme qui était prévu. A savoir, que l’entreprise devait se passer uniquement de père en fils directement et non pas de père en fille ou quel qu’autre chemin dévié. Dès lors où sa santé avait commencé à décliner, il avait remit les rênes de l’entreprise, à son fils qui, lui, n’avait que des filles. C’était donc à mon père de s’assurer que tout irait pour le mieux et que sa descendance serait capable de faire cela aussi. Mais il s’était retrouvé avec quatre filles et avait totalement perdu l’espoir de concevoir un jour un garçon. Et c’est à ce moment, que j’entre justement dans l’histoire. Ce miracle parfaitement inattendu, ravissait tout le monde, sans exception. Tout autant mes parents, que mes grands-parents paternels, ainsi que mes tantes, mes cousins, mes cousines et même mes soeurs. Seule la famille de mon père était réunie ce jour là, puisque seul eux, pourraient vraiment se réjouir d’une telle annonce et comprendre l’importance que cela revêtait, pour tout le monde. Bien entendu, seuls mes sœurs, mes cousins et cousines, ne comprenaient pas vraiment ce qu’il y avait de si important au fait que je sois un garçon. Mais c’était uniquement parce qu’ils étaient tous trop jeunes pour comprendre. La plus âgée de mes sœurs avait huit ans à cet instant là, alors que j’étais dans le ventre de ma mère depuis cinq petits mois. Cinq mois de nervosité et de fébrilité intense pour mes parents, qui avaient presque prié tous les soirs, pour que l’enfant qui grandissait au creux du ventre de ma mère, soit un garçon et non pas encore une fille. Je n’ose imaginer leur déception s’ils avaient eus une cinquième fille. Ils se montraient déjà assez distants et peu soucieux vis-à-vis de leurs deux dernières filles, puisqu’elles représentaient des années de frustration et des mois d’attente insoutenable pour savoir s’ils auraient ou non un garçon. Et à chaque fois, la déception était très certainement à la hauteur de leurs attentes beaucoup trop longues au goût de tout le monde. Sans doute seraient-ils moins froids et distants vis-à-vis de mes deux plus jeunes sœurs, une fois que je serais né et qu’ils seraient certains que tout irait bien pour moi question santé. En effet, il n’aurait plus manqué que le fait que j’eus une santé fragile ou autre connerie du même genre, qui aurait détruit à jamais leur moral. Quoi qu’il en soit, tout semblait promettre des mois et des années à venir, parfaites. Evidemment, il était encore beaucoup trop tôt, pour s’inquiéter au sujet du fait de ma propre descendance. Aucun ne se demandait si je ne serais pas gay, stérile ou bien encore, s’il ne me prendrait pas l’envie de devenir un célibataire endurcit, en quête d’aventures aussi éphémères qu’inutiles et destinées à rien d’autre qu’au plaisir de ces brèves rencontres. Bref … Il était bien trop tôt pour se soucier ne serait-ce qu’un tant soit peu, de cela. Seul le fait qu’un petit garçon était en chemin pour cette famille pour laquelle rien ne semblait aussi important qu’une entreprise familiale, était intéressant et à l’ordre du jour. Il serait toujours temps de s’inquiéter pour tout le reste, lorsque je serais en âge de fonder ma propre famille. Quoi qu’il en soit, j’étais l’unique espoir de cette famille de voir la tradition mise en place par un être décédé depuis bien des années, de continuer comme elle avait commencé. Si je ne me montrais pas à la hauteur, alors tout serait perdu. Ou du moins, ne pourrait malheureusement pas continuer comme c’était pourtant prévu. C’était fou toutes ces choses qui reposaient sur mes épaules, alors que je n’étais même pas encore né. Et ce que j’ignorais, puisque je n’étais pas encore conscient de toutes ces choses, c’était que ce n’était là que le début d’une vie qui promettait d’être difficile. Car, difficile de répondre aux attentes de tant de personnes.

Dans le silence de la nuit, un long hurlement de douleur, se fit entendre. Un cri tel, qu’il en aurait donné la chaire de poule à la plus insensible des personnes. Il était impossible de ne pas prendre en pitié, la personne qui hurlait de la sorte. Un long et puissant cri qui mettait un terme à la quiétude de cette chaude nuit d’été. Le mois d’août était bien entamé et je n’étais censé voir le jour que deux mois plus tard. Chacun des membres de ma famille, mourait d’impatience de me voir naitre enfin, après ces interminables semaines d’attente presque insupportable. Mais il était certain, que c’était ma mère qui avait plus hâte que n’importe qui d’autre. Non pas parce qu’elle était pressée de me voir … Mais parce que cette grossesse était beaucoup plus compliquée que prévue. Si tout c’était bien passé durant les cinq premiers mois, il semblait que cela s’était grandement détérioré au cours des deux suivants. Ma mère avait des chutes de tensions impressionnantes et les médecins avaient voulu la garder à l’hôpital pour les derniers mois de grossesse. Mais elle avait refusé avec tant de force, qu’ils n’avaient eut d’autre choix que de la laisser partir. C’était donc chez elle, qu’elle prenait son repos forcé. Elle avait du cesser d’exercer son métier de chef comptable au sein de l’entreprise familiale –qui réunissait bel et bien chacun des membres de ma famille-, et se devait de rester couchée la majeure partie du temps. Malheureusement, cela ne pouvait se faire avec perfection, avec un époux qui travaillait beaucoup, et quatre filles. Les deux ainées étaient assez grandes pour s’occuper un tant soit peu d’elles mêmes. Mais bien trop immatures, pour s’occuper de leurs petites sœurs. Ce qui demandait donc la présence régulière de leur mère, notre mère. Entre, s’occuper de ses filles, faire le ménage et cuisiner, elle n’avait au final, pas beaucoup de temps pour se reposer. Et son époux semblait ne pas prendre au sérieux, les quelques complications de grossesse. Pour la simple et bonne raison, que son emploi lui prenait trop de temps et d’énergie, pour qu’il songe à s’inquiéter davantage de son épouse. Il pensait simplement qu’il était normal d’être aussi fatiguée, après quatre grossesses consécutives et une cinquième en cours. Ce ne fut donc que cette nuit là, que mon père sembla réaliser combien sa femme ne plaisantait pas et combien les soucis de cette grossesse, étaient un très mauvais signe pour tout le monde. Si elle perdait son enfant, ce serait la chose la plus tragique qui pouvait leur arriver, à n’en pas douter. A vrai dire, il aurait même préféré que son épouse meurt plutôt que leur fils, malgré tout l’amour sincère qu’il lui portait. Ce n’était pas un amour passionnel qui fait perdre la tête de n’importe qui. Mais c’était tout de même un amour véritable, qui le poussait à rester marié à cette femme qu’il avait toujours un tant soit peu admiré. Sans compter sa beauté, qu’il avait remarquée dans un premier temps. Il n’oublierait jamais le jour où il avait posé ses yeux sur elle, alors qu’elle travaillait au sein de l’entreprise, depuis quelques petites semaines déjà. Ce n’était pas lui qui était chargé d’embaucher le personnel bien entendu. Sinon, il l’aurait remarqué depuis bien longtemps. Mais ce fut un jour bien heureux, lorsqu’il se rendit au siège social de l’entreprise et la vit en plein travail. Cette fille grande et mince, aux cheveux noirs ébène et yeux noisette, l’avait tout de suite fasciné. Toutefois, leur histoire n’avait pas démarré aussitôt. Il avait fallut qu’ils apprennent à se connaître. Et ce n’était alors pas un amour brutal et sauvage qui était né entre eux, mais une lente montée de tendresse qui s’était peu à peu muée en amour indéfectible. C’était donc un amour bien réel mais dénué de passion véritable, qui unissait ces deux êtres unis par les liens du mariage, depuis neuf ans. Ma mère était tombée enceinte, quelques semaines à peine, après leur mariage. Ce qui était un très bon signe quant à leur avenir. Sans doute mon père n’aurait-il pas hésité à divorcer pour épouser une autre femme, plus fertile, si celle-ci ne lui avait pas donné d’enfant, dès les premières années de leur mariage. Bien sûr, ma mère l’ignorait. Mais à cette époque, leur amour n’était pas aussi tenace qu’il semblait l’être alors qu’elle était enceinte de moi. Pour résumer, c’était sa première grossesse qui avait consolidé leur mariage, bien qu’il fut un tant soit peu fissuré lorsqu’ils réalisèrent qu’elle portait encore une fille, lors de sa troisième grossesse. Contre toute attente, c’était mon arrivée imminente, qui rendait leur mariage plus solide que jamais et de toute évidence, indestructible. Mais qu’en serait-il si l’enfant, moi, ne survivait pas ? Personne n’était capable de savoir si mon père ne serait pas capable de divorcer pour trouver une remplaçante à ma mère, capable de lui donner au moins un fils, si ce n’est plus. Une femme plus jeune bien entendu. Puisque plus elle serait jeune et plus les chances qu’elle puisse rapidement tomber enceinte, seraient grandes. Bref, mon père n’avait sans doute pas de moral et son amour pour son épouse n’était très certainement pas assez puissant, pour l’empêcher de faire tout ce qui serait en son pouvoir, pour avoir un fils. Si jusqu’à présent il n’avait jamais eut dans l’idée de changer d’épouse, c’était uniquement parce qu’il était tout de même amoureux de celle qui serait ma mère et parce qu’elle était encore en âge de lui donner d’autres enfants, jusqu’à avoir un fils. Après tout, si elle ne lui faisait que des filles, ce n’était pas de sa faute. Sans compter qu’avec cette cinquième grossesse, elle prouvait tout de même qu’elle était capable de concevoir des enfants, ce qui était sans nul doute, sa plus grande qualité. Oui, mon père était un homme assez horrible lorsque l’on savait de quoi il était capable pour assurer une descendance à l’entreprise qui avait été fondée par son grand-père …

« Je suis désolé monsieur … Même si votre épouse s’en sort vivante, nous ignorons si elle pourra un jour remarcher. L’ané… » « Et mon fils ? Comment va mon fils ? » Si le médecin fut désarçonné de voir que l’homme en face de lui, ne réagissait pas vraiment comme il l’aurait du en apprenant que son épouse resterait sans doute infirme toute sa vie, il n’en montra rien toutefois. Il se devait de toujours rester calme, quelle que soit les situations qui se présentaient à lui. Après tout, ce n’était pas la première fois, qu’il faisait face à un homme perdu. Sans doute ne savait-il trop comment faire face au fait que son fils était né avec presque deux mois d’avance et que l’accouchement avait faillit coûter aussi la vie de son épouse. Il était seul et totalement désemparé et le médecin pouvait le comprendre. Evidemment, il ne se doutait pas que cet homme en face de lui, se foutait plus ou moins de savoir si sa femme vivrait, tant qu’il était assuré que son fils serait sauf et en parfaite santé. « Nous faisons notre possible et pour l’instant il est stable. Mais nous ignorons s’il survivra. Nous allons devoir le faire transférer dans un hôpital qui sera plus à même de s’occuper de lui. Vous devriez aller le voir avant. Nous ignorons quand vous le reverrez … Si cela doit arriver, bien sûr ... » Sans dire un mot, Noah –mon père-, hocha la tête et se dirigea vers la salle où je me trouvais alors dans une couveuse, relié à un tas de machines qui tentaient de me maintenir en vie tant bien que mal. J’étais vraiment petit et mon père fut alors persuadé que je ne survivrais pas plus de quelques jours, voir quelques heures. N’importe qui aurait pensé la même chose en voyant ce bébé qui ne faisait même pas un kilo et qui avait besoin de machines pour rester en vie aussitôt après sa naissance. Sauf que ‘n’importe qui’, n’aurait pas vu en ce potentiel décès, la fin d’une lignée d’hommes de la même famille, qui reprenaient l’entreprise familiale. ‘N’importe qui’, aurait plutôt pensé au fait que c’était sans doute horrible et triste de voir un bébé naitre mais mourir presque aussitôt. Et en tant que père de cet enfant là, Noah aurait du être plus triste que n’importe qui. Au lieu de cela, il était triste en pensant à la survie de l’entreprise qui lui avait été légué par son père qui lui-même l’avait hérité de son propre père. Bref … Il voyait presque toutes ses chances d’avoir un jour un fils biologique, s’effriter peu à peu. Sans compter que son épouse serait sans doute infertile après tous ces problèmes survenus lors de sa grossesse et de l’accouchement. Et le fait qu’elle serait peut-être aussi infirme pour le restant de ses jours, empêchait Noah de divorcer. Il avait peu de compassion certes, mais tout de même un minimum de sens moral. Ce serait horrible autant pour son épouse, que pour sa propre image, que de divorcer, alors que sa femme serait clouée dans un fauteuil roulant. N’était-ce pas horrible que de penser à son image alors que sa femme avait frôlé la mort et ne s’en sortait pas indemne ? Noah avait bien conscience que si. C’était franchement horrible même ! Et pourtant, il ne pouvait s’empêcher de voir les choses de cette façon là et de voir un avenir sombre pour lui et son entreprise. Lorsque le reste de la famille arriva, ils se divisèrent en deux groupes distincts. D’un côté, ceux qui étaient attachés à Trinity –ma mère-, s’inquiétaient pour elle et accouraient à son chevet pour tenter d’être là pour elle, un tant soit peu. Et de l’autre côté, il y avait ceux qui ne pensaient qu’à l’entreprise et donc, à savoir si je survivrais ou non, malgré ma prématuré qui ne promettait rien de bon pour la suite des évènements et de ma vie. En tout cas, ils se rejoignaient tous sur leur avis. Les uns comme les autres, ils étaient persuadés que ma mère serait infirme pour le restant de ses jours et que moi, son fils, je ne survivrais pas. Bref, rien de très optimiste. Mais comment l’être après m’avoir jeté un coup d’œil et avoir entendu les pronostics du médecin ? Sans doute penserais-je la même chose si une telle situation devait m’arriver, à moi aussi, à présent que je suis en âge de fonder ma propre famille. Pour continuer au sujet du jour de ma naissance, ou plutôt de ce jour tragique du tout au tout, un hélicoptère fut chargé de me conduire jusqu’à un hôpital qui s’occupait des enfants nés prématurément et qui avaient, il fallait le reconnaître, peu de chances de survivre lorsqu’ils naissaient au bout de vingt neuf semaines seulement. Les membres de ma famille n’étaient pas autorisés à venir me rendre visite dans cette clinique qui était fermée aux proches. Ainsi durent-ils rester en dehors de tout cela et attendre patiemment qu’on les recontacte. Cet appel inquiétait plus qu’autre chose. Tout le monde était tellement persuadé que l’appel serait pour signifier ma mort, qu’ils avaient peur de recevoir ledit appel. Le temps qui s’écoulait encore et encore, ne leur disait pas si cela était un bon ou un mauvais présage. Cela signifiait-il que les médecins devaient encore se battre pour me faire vivre ? Ou est-ce que ça voulait dire que, justement, je me formais et grandissais petit à petit mais n’en n’était pas encore au stade ou je pourrais rentrer chez moi, auprès de ma famille ? Personne ne le savait et les médecins refusaient de dire quoi que ce soit. Ils craignaient de donner de faux espoirs à cette famille qui avait manqué perdre deux êtres le même jour. Finalement, ce fut presque le même jour que ma mère rentra chez nous, dans un fauteuil roulant, et que les médecins appelèrent mes proches, pour leur signifier que j’étais tiré d’affaire. Deux bonnes nouvelles le même jour. Si l’on peut appeler cela comme ça … Car mon père réalisait les sacrifices qu’il devrait faire pour s’occuper de ses quatre filles, de son fils et de son épouse, en même temps. Son épouse qui ne pouvait plus faire quoi que ce soit par elle-même …

« Tracy, arrête d’embêter ton frère ! » « Mais je l’embête pas, je joue avec lui papa … » « Eh bien arrête de jouer avec lui ! Dois-je te rappeler combien il est fragile ? » La petite fille hocha négativement la tête en baissant celle-ci, comme si elle venait d’être prise en flagrant délit d’une énorme bêtise. Après un dernier regard pour moi, qui me tenais dans mon trotteur sans comprendre ce qu’il se passait autour de moi, elle s’éloigna rapidement en sautillant quelque peu, pour rejoindre l’une de nos sœurs, dans la salle de jeux. La vie était bien loin d’être simple dans cette maison qui se faisait toujours appeler « le cocon des Edgecombe ». Ma mère ne quittait jamais le lit conjugal, lorsque son compagnon était présent à la maison, lui laissant le soin de s’occuper de leurs enfants, seul. Et durant la semaine, lorsqu’il n’était pas là, elle acceptait de mauvaise grâce et se retrouvait donc à regarder une nourrice s’occuper de nous, totalement impuissante devant ce qu’elle ressentait comme une perte de sa maternité. Elle n’était plus capable de faire quoi que ce soit d’elle-même et cela concernait aussi le fait de nous élever comme il se devait. C’était d’autant plus dur pour elle encore, que le fait d’être clouée à vie, dans ce foutu fauteuil roulant. Sans compter que son époux ne lui accordait plus qu’une attention polie. Plutôt que de s’occuper d’elle comme il l’aurait sans doute du, il faisait venir une aide soignante qui se chargeait de faire pour et, avec elle, tout ce qu’elle ne pouvait pas faire d’elle-même, seule. Sa nouvelle vie ne lui permettait plus la moindre fierté, entre autres choses. Elle devait faire avec, en sachant que ce serait ainsi toute sa vie. Il y aurait toujours quelqu’un pour tout faire à sa place. Sans doute était-ce ce qu’il y avait de plus difficile à supporter en étant aussi infirme qu’elle l’était. Et pourtant, alors que d’autres mères auraient sans doute éprouvées une certaine haine à l’encontre de leur enfant qui leur avait plus ou moins causé cela lors de leur naissance, elle n’en fit pas de même. Au lieu de cela, elle fut même le plus proche possible de moi. Même si elle ne pouvait pas faire grand-chose avec moi, elle tentait d’être le plus présente possible, pour me montrer sans doute, qu’elle était là. Et même si j’étais encore bien trop jeune pour m’en rendre vraiment compte, cela signifiait tout de même beaucoup pour moi, dans le fond. Tous les enfants n’avaient pas la chance d’avoir une mère. Et moi j’en avais une. Malgré son handicap, elle était ma mère et je ne pouvais que l’aimer comme il se devait. Quant à mon père, il n’était pas ce qu’il y avait de plus tendre et aimant, vis-à-vis de moi. Toutefois, il avait la fâcheuse habitude de me surprotéger, interdisant ainsi mes sœurs, de s’approcher trop près de moi et de faire ce que feraient une sœur et son frère pourtant. Tel que s’amuser, rire, courir, tout simplement. Même s’il était vrai que je n’étais pas encore en âge de parler. En fait, je n’étais pas en âge de faire grand-chose de toute évidence. Malgré les mois qui étaient passés, je demeurais totalement silencieux et peu soucieux de ce qui m’entourait. Mon père commença à se demander si je n’étais pas muet, aveugle et même pourquoi pas, sourd. Je ne réagissais pas aux bruits qui se faisaient entendre autour de moi, je ne souriais jamais, je ne regardais jamais un point fixe, je ne pleurais jamais, même lorsque j’avais faim ou autre. Bref … Je ne faisais strictement rien ! Lorsque j’eus dix mois, mon père fini par demander au pédiatre si je n’étais pas autiste. Celui-ci lui fit remarquer qu’au vu de ma naissance mouvementée et de ma prématurité, il me faudrait sans doute plus de temps que n’importe quel autre enfant, pour évoluer et grandir. Mon père n’avait jamais été d’un naturel très patient. Mais il songea bien vite au fait que même si cela devait me prendre du temps, je finirais par être celui qui reprendrait l’entreprise. Si c’était là la seule chose à laquelle il pensait ? Clairement oui ! Quand il me protégeait plus qu’il ne faudrait, c’était davantage en songeant que s’il m’arrivait quoi que ce soit de fâcheux, je ne serais pas capable à cause de ma santé, de devenir le PDG de cette sacrosainte entreprise. Il était certain qu’il était bien loin d’être un père ou un époux parfait et irréprochable. Mais au moins, il se donnait la peine de faire vivre sa famille, en travaillant d’arrache pied, au sein de son entreprise. En réalité … Il se noyait plus qu’autre chose, dans le travail. Sans doute était-ce sa façon à lui, de faire face à sa vie qui avait plus ou moins tournée au cauchemar à cause de cette cinquième, et dernière, grossesse. Quoi qu’il en soit, il partait au travail le matin à l’aube et ne rentrait que lorsque le soleil était couché, le soir. Il avait bien entendu fallut qu’il embauche toute une armée de domestiques, pour s’occuper de ses enfants, de sa femme et de leur immense demeure. Une bonne, une nourrice, un cuisinier, un jardinier, une sorte de secrétaire qui s’occupait de répondre au téléphone, à ouvrir la porte, à prendre les rendez-vous chez les médecins, à l’école etc, des enfants. Et enfin, une aide soignante pour sa femme. En clair, la maison n’était jamais tranquille ni même vraiment calme. La nourrice était une femme très gentille et douce, qui s’occupait de nous, comme il se devait. Elle s’assurait que les filles faisaient leurs devoirs avant d’aller jouer. Et, à la demande de mon père, prenait garde à ce que mes sœurs ne soit pas trop tactiles avec moi. Même si elle se montrait tout de même moins stricte que mon père sur ce point là. Il semblait qu’elle ne comprenait pas l’utilité d’être aussi protecteur à mon encontre. J’avais certes une santé fragile qui nécessitait un traitement et des soins réguliers. Mais je ne pourrais pas grandir comme il se devait, si je ne pouvais même pas avoir une vie normale, comme tout enfant de mon âge. Seule ma nourrice semblait l’avoir comprit.

Ce fut donc dans ce genre de climat que je grandis, petit à petit, lentement mais sûrement. Comme l’avait prédit le pédiatre, je mis plus de temps que n’importe quel autre enfant, pour grandir et apprendre tout ce que j’étais censé savoir faire et dire par rapport à mon âge. Mon premier sourire arriva peu de temps après mes un an. Je ne gazouillais un peu, que quelques mois plus tard. Et je ne me mis à marcher qu’à deux ans passés. Autant dire qu’à chaque nouvelle étape que je franchissais, mon père en sautait de joie et ne pouvait s’empêcher d’appeler toute ma famille pour les tenir au courant de mon évolution. Cela aurait put être mignon s’il avait fait tout cela parce qu’il était heureux de voir son fils faire tout ça, alors qu’il avait perdu espoir. Mais ça ne l’était pas du tout, car ses attentes étaient toujours présentes pour les mêmes raisons. C’était simplement en gardant son entreprise à l’esprit, qu’il était ravi de voir que, contre toute attente, j’évoluais. Certes c’était à mon rythme un peu lent, mais j’évoluais quand même. Et plus j’étais capable de faire des choses, plus il était heureux et rassurés quant au fait que je n’avais pas un problème mental, comme il l’avait longuement craint. Sans doute m’aurait-il renié si cela avait été le cas. Je n’en n’avais pas la moindre idée et à n’en pas douter, c’était bien mieux de la sorte. Aucun enfant ne voudrait savoir ce qu’aurait fait son père de lui, s’il n’avait pas été comme il souhaitait qu’il soit. A moins de n’être qu’un foutu masochiste qui aime se faire du mal en entendant ce genre de vérités. Certains le sont. Moi pas, qu’on se le dise ! Quoi qu’il en soit, pas de quoi s’inquiéter. Je grandissais comme il se devait et j’évoluais. Tout allait donc pour le mieux pour tout le monde ! Sauf pour ma mère bien sûr. Sa vie n’évoluait plus, elle ne serait jamais plus heureuse car elle avait perdu toute autonomie, à cause de la rupture d’anévrisme qui avait faillit lui couter la vie lors de son accouchement. Elle recommençait à trouver l’usage de la parole petit à petit. Presque à la même époque où moi-même je commençais à parler. Mon père avait sans doute l’impression d’avoir six enfants au lieu de cinq, dont deux qui apprenaient tout en même temps, en comptant ma mère. Sauf qu’elle ne réapprendrait plus à marcher puisque ses jambes ne lui répondaient plus du tout et que cela risquait bien de rester ainsi au vu des progrès qu’elle ne faisait … Pas, de ce côté-là de son rétablissement. Quand mon père se trouvait à la maison, la tension était palpable et l’atmosphère tendue. Il semblait avoir du mal à supporter sa vie et le fait, plus précisément, que son épouse n’était plus du tout celle qu’il avait connu, aimé et épousé. Bien entendu, ce n’était en rien sa faute. Mais il ne pouvait s’empêcher d’avoir un mal fou à supporter la vie qu’il devait mener depuis ma naissance. J’avais beau être encore vraiment petit à cette époque là, je voyais parfaitement que plus rien n’allait entre mes parents. Il ne regardait plus ma mère, ne l’approchait plus et ne lui adressait la parole qu’en cas d’extrême nécessité. Bref, l’amour semblait avoir foutu le camp, dans le cœur de mon père. Quant à ma mère, j’ignorais ce qu’il en était de son côté. Elle montrait rarement ses faiblesses devant ses enfants, les gardant sans nul doute pour des moments où elle était parfaitement seule et à l’abri des regards. Quoi qu’il en soit, je ne peux douter qu’elle souffrait terriblement de l’attitude injuste de son mari envers elle. Il se comportait comme si tout était de sa faute, comme si c’était elle qui avait choisit de se retrouver clouée dans un fauteuil roulant du jour au lendemain. Malgré tout, elle ne disait jamais rien et se contentait de subir en silence, ce comportement stupide et immature. A trop vouloir se montrer forte, elle en paraissait presque froide et insensible à tout ce qui se passait autour d’elle. Elle n’intervenait absolument plus du tout dans notre éducation et se contentait de nous observer de loin, lorsque la nourrice ou notre père, s’occupait de nous. Bien que ce dernier ne s’occupât jamais vraiment de nous, lorsque ce n’était pas pour voir si j’évoluais ou si mes sœurs ne mettaient pas trop ma vie en danger. En sachant que, dès lors que l’une d’entre elles, était malade, il la forçait à rester enfermée dans sa chambre, jusqu’à ce qu’elle soit pleinement rétablie, sans l’ombre d’un doute. Et ce n’est là qu’un exemple de tout ce qu’il pouvait faire pour être totalement persuadé que ma santé, voir ma vie, n’était pas en jeu. A n’en pas douter, il en faisait beaucoup, beaucoup, trop. Mais ma mère ne disait rien face à cela, se contentant encore et toujours, de regarder toutes ces scènes, de loin. Dans le fond, elle n’était pas vraiment là. La mort aurait pu venir la chercher vraiment, le jour de ma naissance, cela n’aurait pas changé grand-chose à la vie que nous menions. Elle n’était là que pour regarder, sans jamais faire plus. Et je constatais malgré tout, que c’était tout de même de pire en pire. C’était comme si on la perdait lentement mais sûrement, qu’elle sombrait peu à peu dans une sorte d’abime sans fin, qui finirait par nous l’ôter tôt ou tard. Je me souviens encore des rares fois où je trouvais le courage de m’approcher d’elle et où elle me souriait en me parlant plus ou moins à voix basse. C’était tout ce qu’elle était capable de faire. Elle ne pouvait pas se pencher en avant pour m’attraper et me soulever pour me poser sur ses genoux. Si elle se penchait de trop, elle risquait plutôt de tomber et rien d’autre. Alors elle ne prenait pas le moindre risque. Elle n’était pas certaine que son époux aurait la gentillesse de l’aider à se remettre sur son fauteuil, si cela venait à arriver. Et lorsqu’il n’y avait que les domestiques à la maison, elle aurait été bien trop honteuse que ça soit à eux de se charger d’une pareille tâche, pour oser prendre le moindre risque.

L’on dit que le temps passe et que les gens changent. La plupart du temps, c’est parfaitement vrai. Pour la grande majorité des gens en tout cas, c’est le cas ! Seulement, il existe tout de même certaines personnes qui ne changent jamais, malgré le temps passé. Ces gens, restent tel qu’ils sont, du début à la fin, ou presque. Principalement lorsqu’ils ont un objectif dans leur vie, qu’ils comptent atteindre coûte que coûte. Ces gens là ne vivent que pour une chose, une seule. Et rien ne semble pouvoir les en détourner tant qu’ils n’ont pas atteint l’objectif qu’ils se sont fixés. Eh bien on peut dire que mon père entre, sans le moindre doute possible, dans cette catégorie là. A part ses quelques sautes d’humeur de temps à autre, il restait fidèle à lui-même. Il semblait n’avoir qu’une seule raison de vivre : l’entreprise familiale pour laquelle il semblait totalement prêt à donner sa vie. Rien ni personne ne pouvait le détourner de ses objectifs qu’il souhaitait atteindre, ni même lui donner le moindre doute à ce sujet là. Il savait ce qu’il voulait et ferait absolument tout ce qui était en son pouvoir, pour l’avoir. Et de toute évidence, son objectif premier, était de s’assurer que son fils, donc moi, serait capable de prendre la relève au sein de l’entreprise, lorsqu’il ne serait plus là. Avant même que je ne fus né, il avait déjà cet objectif en vu et au fil des années, alors que j’étais enfin né, il ne s’en n’était jamais détourné. Pourquoi l’aurait-il fait alors que j’étais enfin là et que cela signifiait qu’il était parvenu à la moitié de ses objectifs ? Ne restait dès lors, plus qu’à me former. Chose qu’il fit d’ailleurs sans tarder. Je n’étais même pas encore en âge de me servir de cela, mais le cadeau qu’il me fit pour mes six ans, fut une calculatrice. Chose qui choqua ma mère et pourtant, elle ne dit mot. Il avait, de toute évidence, attendu cet anniversaire là, pour commencer ce que lui-même appelait, ma formation pour devenir le PDG d’une grande entreprise. J’apprenais tout juste à lire, à écrire et à compter, à l’école. Ce qui ne l’empêcha pourtant pas, de me donner de longues heures supplémentaires, de cours de maths, une fois à la maison. Il voulait m’apprendre à gérer un budget, à remplir des chèques, faire des factures, des devis. A mes yeux, c’était totalement sans intérêt mais j’obéissais, car il était mon père et que je lui devais bien cela. Tous ces chiffres restaient des chiffres à mes yeux. Ils n’avaient pas le moindre sens et tout ce que je voyais là, c’était les calculs que je devais faire pour obtenir un résultat final. Je faisais donc les calculs qu’il m’apprenait et lui sortais les chiffres qu’il attendait. Je ne savais pas à quoi tout cela servait. Mais je le faisais sans broncher, sans sourciller et sans me plaindre, parce que c’était la seule chose qu’il voulait de moi. J’étais devenu un bon petit soldat qui faisait tout ce que son père lui disait de faire. Quand je rentrais de l’école, j’avais tout juste le temps de prendre un rapide goûter, de faire mes devoirs avant le diner, puis il était temps de refaire des maths avec mon père, qui ressortait des tas de feuilles à l’entête de l’entreprise qu’il gérait. J’avais déjà compris que c’était une affaire de famille, que je devrais reprendre lorsqu’il serait mort. Il m’avait tout expliqué et j’avais compris, sans trop comprendre non plus à vrai dire. Puisqu’à mes yeux … Mon père n’allait pas mourir de sitôt. Alors pourquoi m’enseigner toutes ces choses, puisque je ne voyais pas pourquoi il pourrait bien mourir un de ces jours ? Quoi qu’il en soit, le seul soir où je me laissais aller à ma nature de petit garçon, je fus rapidement remit à ma place par mon paternel. En effet, j’avais osé m’aventurer dans la salle de jeux avec mes sœurs, alors que mon père était occupé à travailler dans son bureau, avant notre heure quotidienne de maths. Même si j’aimais bien faire tout cela avec mon père, il n’en demeurait pas moins que je restais un enfant et que, par conséquent, j’aimais à faire toutes ces choses que font les enfants. A savoir, que j’aimais jouer. Du moins, que j’aurais bien aimé jouer puisqu’il ne m’en laissait jamais l’occasion. J’avais donc sauté sur celle qui m’était présentée ce jour là, pour m’amuser avec mes sœurs. Nous chahutions gentiment, en riant comme des gamins que nous étions alors. Sans doute sorti de son travail à cause de nos cris de joie et de nos rires d’enfants qui s’amusent, mon père débarqua sans crier gare. La porte s’ouvrit à toute volée et alla se claquer contre le mur, alors que notre père se dressait devant nous, le regard fixé sur moi, comme s’il venait de nous surprendre à mettre le feu à la maison, ou autre grosse bêtise qui aurait mérité une correction digne de ce nom et plus encore. Nous nous arrêtâmes aussitôt, sans savoir ce que nous étions censés faire pour échapper à une éventuelle punition. Mais dans un même temps, nous ne comprenions pas ce que nous avions bien pu faire de mal, à part nous amuser. Il me semblait pourtant que c’était parfaitement normal pour des enfants. Après tout, je voyais souvent mes sœurs s’amuser entre elles, alors que j‘étais moi-même forcé de travailler avec mon père, dans son bureau ou dans la bibliothèque de notre immense maison. Mais de toute évidence, ce droit là ne s’étendait pas jusqu’à moi. A croire qu’en tant que garçon, je ne pouvais pas m’amuser comme le faisaient mes sœurs. Sans doute parce que mon père attendait de moi de grandes choses et que, par conséquent, je n’avais pas le temps à l’amusement. Quoi qu’il en soit, je compris ce soir là, que je devrais toujours prendre garde à ne pas sortir du chemin qu’il m’avait tracé, lorsqu’il serait présent à la maison. Je devrais rester calme et travailleur. Il me le fit d’ailleurs aisément comprendre en disputant sans vergogne mes sœurs, mentionnant bêtement ma santé fragile comme à chaque fois. Et sans perdre une minute, il m’ordonna de filer dans son bureau, où ces foutus cours reprirent de plus belle…

C’était un dimanche parmi tant d’autres. Et comme tous les dimanches, nous déjeunions chez mes grands-parents. Mon grand-père était plus malade que jamais et semblait sur le point de s’éteindre d’une minute à l’autre. Bien souvent, j’avais eus la peur de le voir mourir sous mes yeux. Je n’ignorais rien de la mort et savais donc ce qu’il en serait lorsque celle-ci, déciderait de venir le chercher. Raison pour laquelle, j’avais peur que ce jour arrivât. J’aimais mon grand-père. Très certainement plus que je n’aimais mon propre père qui était bien trop sévère et tyrannique pour que je pusse l’aimer comme je l’aurais pourtant du. Il ne me voyait pas comme un enfant mais agissait bel et bien avec moi, comme si j’étais un adulte en pleine formation. Je ne supportais plus qu’il soit constamment en train de me donner des ordres concernant le fait que je devais travailler et étudier et non pas m’amuser comme le faisaient tous les enfants de mon âge que j’apercevais de temps à autre, à l’école et en dehors. Bien sûr, lorsque je me trouvais dans la cours de l’école, il n’était pas là pour m’empêcher de jouer avec les autres enfants et même mes sœurs qui se trouvaient encore en primaire avec moi. J’avais des tas d’amis et pourtant, je ne pouvais pas les voir en dehors de l’enceinte de l’école. Il était parfaitement inutile de toute façon, de demander l’autorisation à mon père, tant la réponse qu’il me donnerait, était d’une évidence flagrante. Il était certain qu’il se ficherait de moi et me répliquerait que non, avant d’ajouter que nous avions encore et toujours du pain sur la planche. A chaque fois que l’un de mes camarades de classe, avait la gentillesse de m’inviter à son anniversaire ou toute autre petite fête où tous se retrouvaient, j’étais forcé de dire que mon père ne voudrait jamais. Alors ils disaient que leurs parents lui en parleraient. Sauf que pour cela, il aurait fallut qu’il prenne la peine au moins une fois dans sa vie, de venir me récupérer à la sortie de l’école. Ce qui était loin d’être le cas bien entendu. Au lieu de cela, c’était encore et toujours, notre nourrice, qui s’en chargeait. Nourrice qui n’était plus la même que quelques années plus tôt. Très exactement, depuis le jour où mon père était rentré plus tôt que prévu du travail et nous avaient surpris, mes sœurs, la nourrice et moi-même, en train de nous amuser en faisant sauter des crêpes dans une poêle et riant aux éclats. Mon père avait passé un sacré savon à notre nourrice, en lui faisant remarquer que j’aurais du être en train de travailler et non pas de m’amuser. Le jour même, elle nous disait adieux après avoir été renvoyée, et nous ne la revîmes pas. Le lendemain, une nouvelle nourrice était là. Bien plus stricte et sévère, elle avait décidé d’appliquer à la lettre, toutes les recommandations de mon père. Plus de temps pour rire et m’amuser, pour moi qui devait travailler et encore travailler, sans relâche. Ce n’était donc qu’à l’occasion du déjeuner dominicale, que je me sentais le plus libre. En présence de son père, le mien osait moins m’empêcher de bouger pour aller jouer avec les autres enfants présents. Autant mes sœurs que mes cousins et mes cousines. Il se contentait de me toiser de son regard sévère et de me faire parfois des signes pour me dire de me calmer et de mettre moins d’ardeur dans mes jeux. Mais dans ces moments là, je ne lui obéissais plus. Je prêtais davantage attention au regard content et bienveillant, du reste de la famille, à me voir si en forme malgré les soucis de santé que j’avais eus durant mes premières années de vie. Ils pensaient que j’étais aussi heureux de jouer avec les autres enfants, parce que j’avais retrouvé une santé de fer. Ils étaient loin de se douter que c’était davantage du au fait que je n’avais pas d’autre moment pour m’amuser comme je le faisais dans le jardin transformé en véritable air de jeux, de mes grands-parents. Pour en revenir à ce jour là très précisément, mon grand-père qui se déplaçait de plus en plus fréquemment en fauteuil roulant, me fit signe de venir près de lui. Chose que je fis sans protester, tant j’adorais véritablement mon grand-père. Avec de véritables efforts, il parvint à me hisser sur ses jambes où il me fit m’asseoir. Je me blottis tranquillement contre lui, alors qu’il faisait rouler son fauteuil jusqu’à l’intérieur de son immense maison qui, elle aussi, tenait davantage d’une villa que d’une maison, de par sa superficie affolante. « Alors mon garçon ! Ton père te fait travailler dur ? » « Oh oui grand-père. Tous les soirs, je dois travailler avec lui. » Mon grand-père afficha alors une mine soucieuse en lançant un vague regard au dehors, pour apercevoir mon père, à travers la fenêtre du salon. « Ce bougre d’imbécile ne vit que pour cette entreprise. Je savais qu’il en ferait trop. Il en fait toujours trop ! Mon garçon … Promet moi une chose, tu veux ? » « Oui, grand-père ? » « Lorsque tu seras en âge de protester, fait-le, d’accord ? Vis avant qu’il ne t’étouffe avec cette entreprise. Je ne veux pas que, lorsqu’il sera temps de le faire, tu reprennes cette entreprise parce que tu y as été forcé. Je veux que cela te fasse plaisir de le faire. Et pour ça, il te faut une vraie raison de la reprendre, tu comprends ? Tu ne dois pas le faire uniquement parce que c’est une obligation que te donneras tôt ou tard ton père. Et surtout, surtout, n’oublie jamais de faire passer ta vie, tes envies et la famille que tu fonderas, avant cette entreprise d’accord ? Ton père ne l’a pas fait et regarde où ça l’a mené … Il ne vit que pour cette entreprise, comme si elle était à la fois son enfant et son épouse. Promet le moi fiston. » Sans trop oser dire quoi que ce soit face à cela, je me contentai de hocher lentement la tête de façon affirmative, me blottissant plus encore contre lui lorsqu’il me serra contre son cœur.

Le silence s’éternisa entre nous, un long, très long moment. C’était comme si aucun de nous deux ne semblait y prêter attention. Seuls les rires et voix du reste de la famille qui se trouvait toujours dans le jardin, se faisait entendre. Ce ne fut qu’après plusieurs minutes de ce silence, que mon grand-père reprit la parole, alors que le sommeil avait été sur le point de m’embarquer, rythmé par les battements lents et réguliers de son cœur meurtri. « Rhâ…Surtout, surtout, fais passer l’amour avant tout mon bonhomme d’accord ? C’est le conseil d’un vieux sage que tu ferais mieux de suivre. Il n’y a rien de tel que l’amour, pour te rendre heureux. Je parle du véritable amour bien entendu. Pas cette comédie qu’ont jouée tes parents avant et durant leur mariage. Il suffit de voir comment se comporte mon cher fils avec son épouse, depuis qu’elle est en fauteuil, pour comprendre qu’il ne l’aime pas de tout son cœur. Si ma bien aimée épouse avait été dans ce même cas, tu peux être certain que je n’aurais jamais eus ce comportement si distant, froid et presque haineux qu’il a à son encontre. Ah ta grand-mère … Plus de quarante ans de mariage et toujours autant d’amour. T’ais-je déjà raconté comment s’était passé notre rencontre ? » Pour toute réponse, je me contentais de hocher négativement la tête, avant de me redresser pour le regarder. C’était l’une des choses que j’aimais tant chez lui. Lorsqu’il se replongeait dans ses souvenirs pour me raconter sa vie passée, ce qu’il avait vu et vécut, tout au long de sa longue vie qui dépassait les six décennies. J’aimais tout autant lorsqu’il me parlait de son père ce génie fou, fan de cuisine, qui tentait des recettes toutes plus invraisemblables les unes que les autres, que lorsqu’il me parlait de tel ou tel pays qu’il avait visité et dont il connaissait toutes les us et coutumes. Bref, j’aimais sa façon de conter des histoires qu’elles soient vraies ou irréelles. J’aimais sa voix douce, basse et légère. J’aimais simplement me poser tranquillement et me taire, durant tout le temps que duraient ses histoires qu’il prenait toujours le temps de me raconter sans jamais accélérer ou ralentir le débit de ses paroles. Il avait toujours des tas de choses à me raconter, comme ce jour là. Et j’étais secrètement ravi de constater que j’étais le seul à avoir droit à tous ces récits. Sans doute parce qu’il savait, ou pressentait, que mon père ne me laissait jamais le droit de me divertir comme j’aurais pourtant du pouvoir le faire, du haut de mes sept petites années insignifiantes. Arriva alors ce petit bout de son histoire. Cette partie qui concernait l’époque de sa rencontre avec sa chère épouse, celle qu’il chérissait toujours autant, malgré les années qui s’étaient écoulées. Quatre décennies de mariage, il était certain que ce n’était pas tout le monde qui pouvait se targuer d’avoir connu un amour assez fort et puisant, pour ainsi traverser le temps. Il me raconta alors combien cette rencontre banale aurait pu ne rien signifier mais combien elle avait finalement été tout, dès lors que leurs regards s’étaient croisés. Il mentionna avec précision, toutes les émotions et tous les sentiments qui l’avaient traversé, alors qu’il avait vingt six ans. Le choc, la surprise, la joie, une bouffée de bien être, de bonne humeur, une attirance sans nom et un amour instantané et démesuré. J’étais presque ébloui par ce qu’il me racontait et buvais ses paroles avec un regard émerveillé. C’était tel un conte de fée qui n’aurait pu exister que dans les livres ou à la télévision, selon moi. Et pourtant, c’était bel et bien ce qu’il avait vécut, du temps de sa jeunesse. Il me raconta ensuite avec quel soin il avait fait la cours à la jeune fille de dix sept ans qu’était alors ma grand-mère. Les regards échangés, les baisers volés, les invitations en pagaille à tel ou tel restaurant et pour telle ou telle occasion et enfin, les incessants cadeaux avant qu’il ne demande sa main à son père puis l’épouse. Un véritable mariage comme, là encore, on n’en voit que dans les contes de fées ou les films. Robe blanche, témoins, demoiselles d’honneur, invités, soirée, lune de miel et tout ce qui s’ensuit. Il termina son histoire avec l’amour qu’il ressentait encore et toujours pour sa chère et tendre. Toujours le même à l’identique, qui ne s’était jamais estompé tout au long des quarante années qui étaient passées. Il insista même sur le fait qu’il l’aimait chaque jour un peu plus et n’aurait jamais pu envisager sa vie sans elle. Pour terminer, il me souhaita de trouver celle qui serait mienne pour toujours, en mentionnant sans hésiter, le fait que j’étais un bon garçon et que, par conséquent, j’aurais forcément cette chance lorsque je serais assez grand et assez mûre pour cela. A cette annonce, il mentionna quelque peu mon père, en me faisant remarquer que s’il avait un tant soit peu ouvert les yeux et moins vécut pour l’entreprise, il aurait sans doute trouvé sa moitié, au lieu d’épouser une fille, aussi belle et sympathique soit-elle, simplement pour qu’elle lui fasse une descendance digne de reprendre leur entreprise par la suite. Mon grand-père ne put s’empêcher de grommeler un tas de paroles incompréhensibles, au sujet de mes parents, mentionnant le fait qu’ils n’étaient clairement pas fait l’un pour l’autre et que, dans le fond, mon père rendait malheureux son épouse plutôt qu’autre chose. Mais aussi leurs enfants, nous, qui devions assister à ce mariage sans amour assez fort pour avoir surmonté l’handicap de ma mère. Lorsque nous rentrâmes chez nous ce soir là, je méditai longuement sur toutes les paroles de mon grand-père, me les repassant en boucle dans mon esprit. J’étais trop jeune pour avoir vraiment comprit l’utilité de m’avoir autant parlé de ces sujets là. Mais j’étais assez mature pour mon âge, pour comprendre que c’était et serait toujours important.

Sans doute mon grand-père avait-il senti que sa mort était en train d’arriver, rapidement et inexorablement. Car il ne survécut pas jusqu’au déjeuner dominical suivant. En effet, le mardi suivant, soit deux jours plus tard, il ne se réveilla pas de sa sieste de l’après-midi. Ce fut ma grand-mère qui le retrouva sans vie, alors qu’elle venait pour le réveiller. Le soir même, toute la famille était au courant de ce décès qui secoua tout le monde, même s’il était attendu depuis fort longtemps déjà. Si à cette époque là j’étais encore bien trop jeune pour faire le rapprochement avec la promesse qu’il m’avait forcé à lui faire deux jours plus tôt, à présent je comprends parfaitement qu’il avait pressenti que ses jours étaient comptés. Quoi qu’il en soit, cette semaine fut sans doute l’une des plus douloureuses de toute ma vie. Tout le monde était terrassé, à commencer par ma grand-mère. Cette dernière l’était tant d’ailleurs, que chacun de ses enfants lui proposait de l’héberger pour une nuit, tour à tour. Ils craignaient de la laisser seule chez elle, alors qu’elle semblait aller si mal. Raison pour laquelle, ils voulaient tous s’assurer qu’elle n’allait pas se laisser mourir de faim ou autre bêtise du même genre. Lorsque ce fut le tour de mon père de l’héberger, je ne pu m’empêcher de me faufiler dans la chambre où dormait ma grand-mère, pour me blottir sous les couvertures, tout contre elle. Des heures durant, je l’entendis pleurer dans le silence de la nuit, sans qu’aucun de nous ne parle. Tantôt elle me serrait contre elle avec force et tantôt, elle se contentait de pleurer, son corps à peine contre le mien. Je souffrais deux fois plus en ressentant sa douleur en plus de la mienne. Mais à aucun moment au cours de la soirée et de la nuit, je n’eus dans l’idée de quitter cette chambre. Tout simplement parce que mes grands-parents avaient tous les deux toujours beaucoup comptés pour moi. Je voulais donc être là pour ma grand-mère, dans cette douleur que je partageais. Au matin, mon père me disputa pour avoir dormit ailleurs que dans mon lit. Je le laissai faire sans ouvrir la bouche, l’ignorant avec plus d’aisance que d’ordinaire. Sans doute parce que la douleur que je ressentais à la perte de cette personne si chère à mon cœur, avait une sorte d’effet anesthésiant sur moi. J’étais imperméable à tout ce que l’on pouvait me dire ou me faire. Comme les autres jours depuis la mort de mon grand-père, je fus forcé de me rendre à l’école. Pour mon père qui était un être si froid et apparemment imperméable par nature à la douleur humaine, il était parfaitement normal de continuer notre vie parfaitement normalement et comme si de rien n’était, alors que nous venions pourtant de perdre une personne terriblement importante pour nous. Personne ne semblait compter assez pour lui, pour qu’il prenne le temps de marquer un temps d’arrêt, le temps de porter son deuil. Il ne semblait même pas comprendre ce mot, ce qui était assez déconcertant, il fallait bien le reconnaître. Mais cela m’importait fort peu à vrai dire. Seul la douleur et le grand vide que je ressentais, comptaient pour moi. Le jour de l’enterrement de mon grand-père, qui arriva le vendredi, je du faire un caprice sans précédent, pour pouvoir y assister. Mon père avait voulu que j’aille à l’école sans broncher, pendant que lui-même se rendrait au cimetière pour l’enterrement, avec le reste de la famille. Mais j’avais refusé, protesté puis piqué une sacré crise en hurlant encore et encore. Au point où j’en avais carrément perdu la voix. Il avait donc bien été obligé de m’y emmener. Ainsi, je m’étais retrouvé entre lui et ma grand-mère, alors que le cercueil contenant le corps sans vie de mon grand-père, avait été mit en terre. J’avais refermé ma petite main sur celle, tout aussi fragile si ce n’est plus, de ma grand-mère, qui avait tenté de garder une certaine dignité en luttant contre les larmes. Mais les tremblements de sa main étaient assez équivoques, pour que je sois certain qu’elle souffrait terriblement de la perte de son époux. Lorsque tout fut terminé, mon père du presque me trainer, pour que j’accepte de quitter le cimetière. Je ne parvenais pas à quitter la tombe où reposait enfin mon grand-père, du regard. Je ne parvenais pas à croire que ces derniers jours aient réellement pu être réels. La mort était encore pire que tout ce que l’on m’avait raconté à son sujet. Elle était horrible, atroce et méchante. Elle nous retirait les gens que nous aimions le plus au monde. Toutefois, une part de mon grand-père n’avait pas disparu avec lui. Il s’agissait, en effet, de sa fortune. Pour avoir longtemps géré une grande entreprise léguée par son père en plus d’une certaine somme d’argent, il était d’une grande richesse, comme tout le reste de la famille à vrai dire. Comme l’attestait le testament qu’il avait laissé avant son décès, sa fortune était divisée en trois principales parts. Un quart, dont toutes ses possessions physiques telles que ses demeures ou voitures, revenaient à son épouse. Chose qui était parfaitement logique en soit. La moitié de sa fortune, revenait à chacun de ses trois enfants, divisée en trois parts égales. Et enfin, à la plus grande stupéfaction de tout le monde, le quart de sa fortune me revenait, à moi. Ainsi, j’étais millionnaire à seulement sept ans. Bien entendu, il avait craint que mon père n’ait l’envie de toucher ou de s’intéresser d’un peu trop près à cet argent. Raison pour laquelle, sans doute, avait-il laissé deux closes à respecter, sur ce point. La moitié de ma fortune m’appartiendrait à partir du jour de mes dix huit ans. Et la seconde moitié, le jour de mes vingt et un ans. Ainsi, était-il certain que si je venais à dépenser toute la première partie entre mes dix huit et vingt et un ans, j’aurais sans doute la sagesse de faire davantage attention avec la seconde partie. Après tout, personne n’était certain que je ne deviendrais pas un dépensier compulsif, ou autre connerie du même genre.

La vie sembla reprendre son cours, bien que plus rien ne fut comme avant. Durant des semaines et des semaines, le sacrosaint déjeuner dominical, n’eut pas lieu. Toute la famille semblait parfaitement certaine que c’était totalement impossible, sans la présence de grand-père. Chose avec laquelle j’étais parfaitement d’accord. Je ne voyais plus quel était l’intérêt de partager un repas avec toute la famille, si le moment où mon grand-père me prenait à part pour discuter et me raconter des histoires, n’arrivait plus. C’était sans doute là, l’une des choses que j’avais toujours le plus aimé dans ce déjeuner hebdomadaire. La voix de mon grand-père me racontant des histoires, me manquait. Tout autant que l’odeur de son eau de Cologne qui m’avait toujours piqué plus ou moins au nez, selon la quantité qu’il en avait mit. Bref, sous toutes ses formes et pour tout un tas de raisons, mon grand-père me manquait. Durant un certain temps, ma grand-mère dormit chez nous. Et toutes les nuits, lorsque j’étais certain que mon père était couché, je me faufilais jusqu’à la chambre d’amis dans laquelle elle se trouvait, pour dormir avec elle. Selon les soirs, soit nous nous endormions sans un mot, soit elle me racontait des histoires, comme l’avait fait son défunt époux, durant tant d’années. Quoi qu’il en soit, notre relation était très forte et présente, bien plus encore qu’avant. Au point même, où je n’ignorais rien de ses états d’esprits et ressentis du moment. Ainsi, je savais parfaitement, combien elle souffrait encore de la disparition de mon grand-père, alors même qu’elle continuait de faire bonne figure auprès du reste de la famille à qui elle disait que tout allait pour le mieux. Elle mentait ouvertement en affirmant cela et pourtant, personne en dehors de moi, ne semblait le voir. Les autres étaient-ils donc si idiots pour ne pas le voir ? Quoi qu’il en soit, je n’en soufflai mot, continuant de faire mine de rien, pour ne pas embêter ma grand-mère à ce sujet là. Ainsi continua donc la vie, les choses à la fois pareilles et totalement différentes à avant. Ce ne fut que quatre mois plus tard, que ma grand-mère regagna la demeure qu’elle avait partagée durant de longues années, avec son mari. Un nouveau mois passa, avant qu’elle ne se décide à remettre en place le déjeuner dominical. Elle semblait sincèrement tenir à ce que tout le monde reprenne une vie plus ou moins comme avant. Et cela commençait par ce déjeuner qui représentait combien notre famille était soudée. Et ce, malgré la mort du chef de famille. Il n’était plus de ce monde mais nous, nous l’étions encore. Nous devions donc, en quelque sorte, honorer sa mémoire, en continuant de nous retrouver autour d’un repas, que concoctait grand-mère. La force des liens qui unissaient chaque membre de notre famille, semblait toutefois amoindri, avec la brutale disparition de grand-père. En dehors de ces dimanches où nous nous retrouvions tous, personne ne cherchait à se voir ou se contacter d’une quelconque façon que ce soit, en dehors du domaine du travail, puisque toute la famille travaillait au sein de l’entreprise familiale. Il arrivait même, que telle ou telle personne, ne prenne pas la peine de venir certains dimanches, pour des raisons souvent stupides et sans doute même fausses. Bref, notre famille était totalement changée et pourtant, ma grand-mère continuait de faire bonne figure, sans doute dans l’espoir que tout cela s’arrangerait tôt ou tard. Mais c’était se voiler la face que d’attendre que tout cela s’arrange. Je n’en doutais pas et pourtant n’en soufflais jamais mot. J’étais bien trop jeune pour commenter et dire quoi que ce soit à ce sujet. Je ne pouvais rien faire d’autre que subir en silence, la dissolution de ma famille. Sans son point d’ancrage, celle-ci semblait ne plus avoir lieu d’exister. Chose qui était à la fois étrange et sans doute parfaitement normale. Mais je devais toutefois être la seule personne, avec ma grand-mère, à vouloir sauver notre famille en lui redonnant un tant soit peu l’aspect qu’elle avait autrefois eut, du temps où son époux était de ce monde et dont la présence semblait être le ciment qui soudait chaque membre de cette famille, les uns aux autres. Malheureusement, j’étais encore trop petit pour que mes paroles ou mon avis, soient sincèrement lourds dans la balance. Ainsi, je devais encore et toujours subir les décisions que prenait mon père. S’il décidait que nous n’irions pas chez grand-mère tel ou tel dimanche, alors je devais obéir sans dire un mot. Et c’était évidemment ainsi pour absolument tout ce qui concernait notre propre famille. A vrai dire non … Cela concernait absolument toute ma vie. Je ne pouvais pas dire non à mon père et devais donc obéir à la moindre de ses demandes, ou plutôt ordres. C’était comme cela depuis toujours et rien ni personne n’aurait pu changer la situation, à n’en pas douter. Ainsi, je continuais donc de travailler d’arrache pied avec lui, pour apprendre soit disant, toutes les ficelles du métier. Cela ne me plaisait pas plus que cela mais ce n’était pas non plus la mer à boire alors je continuais de faire ce qu’il me demandait, sans jamais broncher ni tenter de lui faire comprendre que je préférerais aller jouer avec les enfants de mon âge, comme j’aurais du pouvoir le faire alors que j’étais encore si jeune. Il ne semblait pas vraiment réaliser le fait que j’avais sans doute bien l’envie de profiter de mon enfance, avant qu’il ne soit trop tard. Ainsi, la mort de mon grand-père, n’avait évidemment strictement rien changé dans le cours de ma vie, qui était toujours aussi pénible et ennuyeuse. Je continuais de travailler autant à la maison qu’à l’école, ramenant toujours d’excellentes notes, pour le plus grand plaisir et la plus grande fierté, de mon père. Selon lui, pour réussir dans la vie, il fallait se préoccuper davantage du travail, que de sa vie sociale. Tu parles…Il avait tout faux mais personne pour le lui dire.


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J. Nolan Edgecombe

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I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] Vide
MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyLun 27 Fév - 22:14


it's my life ...

I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] 120220122508894074
En grandissant, je pris lentement conscience de l’ambiance qui régnait à la maison. Comme si jusqu’à présent j’avais été bien trop anesthésié par la perte de mon grand-père et par la masse de travail sous laquelle mon père semblait vouloir m’écraser, je n’avais jusqu’alors jamais fais attention au fait que chez nous, la morosité était reine. Comment aurais-je pu le remarquer alors que, justement, mon père m’interdisait presque d’avoir de véritables contacts avec mes sœurs ou encore ma mère ? Ainsi, je ne remarquais pas que mes sœurs se contentaient d’obéir, enfin, à mon père, concernant le fait qu’elles devaient me laisser tranquille. Tout comme je n’avais jamais vraiment fait attention au fait que ma mère était de moins en moins présentes, physiquement parlant, parmi nous. Elle n’était pas là à chaque repas et passait toutes ses après-midi, soit dans sa chambre, soit au fond du jardin, désespérément seule et comme perdue et absente. Elle semblait ne plus vraiment être un membre de notre famille mais uniquement l’ombre d’elle-même. Une ombre qui planait dans la demeure sans que personne n’y prête une véritable attention. Ce fut durant un jour des vacances d’été, que je la remarquais pour la première fois. J’étais en train de travailler dans le jardin, avec un prof particulier qu’avait employé mon père. Il affirmait qu’il n’était pas bon pour moi, que je cesse de travailler un seul instant, durant tout l’été. Il affirmait que je risquais de perdre trop à rester sans rien faire. Cela n’étonnait plus personne bien entendu. Quant à mon prof particulier, ce n’était rien d’autre qu’un étudient de fac, qui désirait se faire un peu d’argent en donnant des cours à un garçon sur le point d’entrer au collège. Il ne prêtait pas franchement attention au fait qu’il n’était pas logique qu’un jeune de mon âge, soit capable de faire toutes les choses qu’exigeait mon père de moi. En fait, il ne prêtait pas attention à quoi que ce soit d’autre qu’à l’une de nos femmes de ménage, qui était de son âge. Je ne doutais pas que mon père l’aurait immédiatement renvoyé, s’il avait apprit qu’il m’abandonnait de longues heures durant, pour disparaître avec ladite jeune femme, dans des endroits parfaitement mystérieux de la maison. Je ne voulais ni savoir où ils étaient, ni ce qu’ils faisaient. J’étais bien trop accaparé par le travail, de toute façon. Et ce fut donc durant l’une de ces nombreuses disparitions de mon cher prof particulier, que je pris conscience de combien ma mère était solitaire. Elle se trouvait dans un coin reculé de notre immense jardin, à l’ombre d’un arbre et tournait le dos à la maison. Parfaitement immobile, je me demandais bien ce qu’elle pouvait faire ainsi seule et loin de tout et tout le monde. Raison pour laquelle je fini par abandonner mon travail, pour la rejoindre. Curieux, je n’étais plus capable de me concentrer sur tout cela, de toute façon. D’ordinaire, je ne m’accordais pas la moindre pause, n’en trouvant de toute façon pas l’utilité. Mon père semblait être parvenu à étouffer le côté jeune enfant dont le besoin premier était de s’amuser et de profiter de la vie. Une fois près de ma mère, je contournai son fauteuil roulant pour m’arrêter devant elle. Son visage parfaitement impassible était tourné vers le ciel et son regard était vide d’expression. Lorsqu’elle sentie enfin ma présence, elle baissa la tête pour me regarder et un faible sourire étira ses lèvres. Mais presque aussitôt, il disparut et ses lèvres s’affaissèrent. « Que fais-tu chéri ? Ne devrais-tu pas être en train de travailler ? » Qu’elle sembla parfaitement contre le fait que j’aurais du être en train de travailler alors que c’était les vacances, ne me fis pas vraiment réagir, tant pour ma part, j’en étais arrivé à trouver cela parfaitement normal. « Si … Mais je voulais savoir comment tu allais. » A ces mots, elle fit une petite grimace avant de détourner le regard, l’air ailleurs et mélancolique. « Tu es bien le premier… » Souffla-t-elle alors d’une voix faible. « Ca ne va pas ? » Lui demandais-je, inquiet, en m’approchant d’elle. Je la sentis frémir quelque peu, lorsque je posai ma main sur la sienne, posée sur l’accoudoir de son fauteuil. « On souffre de la même chose toi et moi, tu sais ? La solitude … » Ajouta-t-elle alors, d’une voix toujours aussi faible. Je ne trouvais rien à redire à cela. Que dire, puisqu’elle avait parfaitement raison, de toute façon ? Un long silence s’installa entre nous, avant qu’elle ne tourne à nouveau le regard vers moi. « Sauf que toi tu peux encore arranger ça. Si tu as, comme je l’espère, autant de caractère que ton père … Je suis certaine que tu finiras par lui dire d’aller se faire voir, le moment venu. » Ajouta-t-elle sans me quitter du regard, son regard noisette dont trois de mes sœurs avait hérités, plongé dans le mien. Elle semblait calme et sereine, bien que torturée par un sentiment que je n’étais visiblement pas à même de comprendre. « Pourquoi ferais-je cela ? » Finis-je par demander, sans comprendre, après avoir comprit qu’elle n’ajouterait rien. « Tu ne t’en rends sans doute pas encore compte mon chéri, pour l’instant. Mais je suis sûre qu’en grandissant, tu réaliseras que ton père t’étouffe et t’empêche d’avoir la vie que tu mérites. Pour l’instant tu es trop jeune pour protester bien sûr. Mais ça changera … » Etrange comme ses propos, me rappelaient plus ou moins ceux de mon grand-père, bien des années plus tôt. Pourquoi affirmaient-ils tous les deux que je devrais, tôt ou tard, me sortir de l’emprise de mon père ? J’étais évidemment conscient du fait qu’il m’empêchait de vivre en m’enfermant dans le travail comme il le faisait depuis toujours. Mais ne le faisait-il pas pour mon bien ? Jusqu’à ce jour, j’avais toujours pensé que si.

Comme si j’avais enfin rouvert les yeux sur la vie que je menais et que menait le reste de ma famille, je réalisais peu à peu, combien plus rien ne semblait aller. La santé de ma mère semblait se dégrader peu à peu, alors qu’elle abandonnait le combat, refusant de toute évidence d’aller mieux. L’attention de mon père à son encontre, était parfaitement minime, pour ne pas dire inexistante. Elle n’avait plus le moindre attrait pour lui, comme c’était le cas depuis bien longtemps déjà. Je n’avais jamais vu leur couple comme il avait pu l’être, à l’époque où leur relation avait été au beau fixe. Cela avait-il seulement eut lieu un jour ? Se pouvait-il qu’à une époque, mes parents aient pu être heureux ensemble et amoureux l’un de l’autre ? Mon grand-père m’avait affirmé que leur couple n’avait vraiment rien eut à voir avec le sien, à lui, que l’amour n’était pas aussi réel et puissant qu’il l’avait été pour eux. Contre toute attente, la relation entre mes parents changea. Un peu. Et pas du tout en bien contrairement à ce que l’on aurait pu espérer. En effet, c’était même franchement négatif, ce que l’on pouvait lire dans le regard de mon père, lorsqu’il regardait celle qui était son épouse depuis tant d’années. Il semblait presque la haïr. Lui en voulait-il d’être clouée dans un fauteuil roulant, alors que ce n’était en rien sa faute ? Il me semblait vraiment que oui. Quant à ma mère, de son côté, elle semblait toujours parfaitement impassible, bien qu’elle me semblât souffrir sous chacun des regards que lui adressait son époux, occasionnellement. J’avais toujours eus le don de comprendre les expressions des personnes que j’aimais. Ainsi, je n’avais aucun mal à comprendre et déchiffrer celles de ma mère, comme c’avait été le cas de ma grand-mère. Quoi qu’il en soit, je n’étais pas aveugle, et je voyais parfaitement que ma mère n’allait pas bien du tout et qu’elle souffrait vraiment de cette situation impossible. Je les avais toujours vu parfaitement désunis tous les deux. Mais jamais ça ne m’avait paru être à ce point. Ainsi, cela expliquait pourquoi j’étais intrigué et inquiet de les voir de la sorte, se comportant presque comme s’ils étaient deux ennemis jurés. Ils commencèrent même à faire chambre à part, ma mère s’enfermant à double tour dans une chambre d’amis. Je ne comprenais pas pour quelle raison elle s’enfermait à clés de la sorte. Craignait-elle donc que qui que ce soit puisse s’introduire dans sa chambre et tenter de la tuer durant son sommeil, alors que toute la famille dormait autour ? Cette pensée me paraissait parfaitement saugrenue et bien idiote, raison pour laquelle je ne m’attardais pas sur ce point. Mes parents ne se parlaient plus et ma mère semblait éviter de plus en plus, mon père. Je ne comprenais pas pourquoi et avais bien trop peur de me mêler de ce qui ne me regardait pas, pour oser faire ou dire quoi que ce soit. Et mes sœurs étaient, de toute évidence, dans le même état d’esprit que moi. Quoi qu’il en soit, nous nous contentions de regarder tout cela se dérouler sous nos yeux innocents, sans jamais nous en mêler. Las et inquiet, je fini par trouver le courage d’aller voir ma mère dans sa chambre, une après-midi où mon père était encore au travail. Je profitai de l’inattention de ma nourrice chargée de me surveiller pendant mes devoirs, et me rendis silencieusement à la chambre de ma mère. Là, je frappai à la porte et fut franchement surpris et choqué d’entendre la voix de ma mère, qui paraissait presque effrayée. Lorsque je lui signalais que ce n’était que moi, je crus même entendre un long soupir de soulagement. Elle vint alors ouvrir la porte, et vérifia dans le couloir qu’il n’y avait personne d’autre, avant de me laisser enfin entrer. « Pourquoi tu es aussi effrayée maman ? » Demandais-je d’une voix incertaine et surprise en la regardant, sourcils levés. Elle partit d’un faible rire qui sonnait étrangement faux. « Effrayée ? Mais non je … » « Maman ! Tu ne sors plus de ta chambre que lorsque tu es certaine que papa n’est pas là. Et encore, tes sorties ne durent pas longtemps et tu reviens t’enfermer ici. Que se passe-t-il ? Vous allez divorcer ? » « Ca ne lui suffit pas … » « Comment ça ? » « Nolan je ne peux pas te raconter cela, tu es bien trop jeune pour entendre ce … » Je ne pu m’empêcher de lever les yeux au ciel, avant de lui lancer un regard agacé. Je ne supportais pas lorsque les adultes se sentaient obligés de me faire remarquer mon âge. A croire qu’ils ne réalisaient pas que la vie que m’avait fait mener mon père depuis toujours, m’avait forcé à avoir une certaine maturité que n’ont pas les autres enfants de douze ans. « Bon très bien, tu l’auras voulu ! Nolan, ton père a … Il a tenté de me tuer. » Totalement sous le choc, je la regardais un long moment sans parler, haussant simplement les sourcils. Devais-je la croire ? Ma mère n’avait jamais paru être folle et elle était sincèrement effrayée. « Il préférerait que je meure, plutôt que de divorcer. Un divorce lui coûterait très cher … » « Un meurtre encore plus … » Marmonnais-je en fronçant les sourcils, de plus en plus stupéfait. « Mon chéri s’il te plait, ne parle de ça à personne. Je ne veux pas qu’il sache que je t’en aie parlé. Je t’en prie … » « Maman, tu devrais le dire à quelqu’un ! » Insistais-je en lui lançant un regard stupéfait. Stupéfait de voir combien mon père était un monstre et prêt à tout. « Je vais faire bien plus que cela je suppose … Ton père a une maitresse et ne veut pas que cela se sache bien entendu. Sauf que je le sais, moi … »

A partir de ce jour là, mon comportement vis-à-vis de mon père commença à changer, lentement mais sûrement. Peu à peu, le garçon sage, travailleur et obéissant, laissa place à un adolescent revêche, nerveux et presque malpoli à l’encontre de son propre père. Celui-ci sans rendit compte, mais de toute évidence avec un certain temps de retard. Toutefois, je ne me sentais pas encore tout à fait le courage de lui opposer de la résistance, lorsqu’il était question de la surcharge de travail, toujours plus importante au fil du temps, qu’il me donnait. J’avais la sensation que mon grand-père et ma mère, s’étaient trompés au sujet du fait que j’aurais un jour le culot d’envoyer chier mon père par rapport à cette surcharge de travail qui n’était pas faite pour une personne de mon âge. Dans le fond, j’étais peut-être simplement trop faible pour cela, qui sait ? Je n’étais rien d’autre qu’un gosse qui dépendait plus ou moins de son père et qui ne faisait rien que celui-ci aurait pu lui interdire de faire. J’avais même très certainement l’air terrifié par lui, chose qui n’était pourtant pas le cas le moins du monde. Et pourtant, je continuais de lui obéir sans jamais lui opposer la moindre résistance. Pour en revenir à ma vie à cette époque là, elle bascula rapidement dans le cauchemar, ou presque, lorsque ma mère mit fin à ses jours. Pas une mort théâtrale après des adieux déchirants et larmoyants et une lettre à vous en faire pleurer des années durant. Non, pas grand-chose de tout cela à vrai dire. Simplement deux mots sur un bout de papier abandonné sur sa table de nuit, disant juste « pardonnez moi », près de son verre d’eau à moitié vide et de la boite de cachets, totalement vide pour sa part. Ce fut son aide soignante qui la trouva, après avoir frappé durant une éternité à la porte de sa chambre, de bon matin. En voyant qu’elle n’ouvrait et ne répondait pas du tout, elle avait appelé quelqu’un à l’aide, pour ouvrir la porte de force. Et lorsque la porte avait été ouverte, il était déjà bien trop tard. Je ne doutais pas que pour être certaine de ne pas rater son coup et d’être sauvée par qui que ce soit, ma mère avait prit ces cachets la veille au soir, en allant se coucher. Ainsi, elle avait eut toute la nuit pour mourir … Bref, ma mère était bel et bien morte. A croire que tous les membres de ma famille susceptibles de m’aider un tant soit peu dans le combat silencieux que je devais mener avec mon père, étaient vouées à mourir sous mes yeux impuissants. J’ignorais si j’étais censé en vouloir à ma mère d’avoir mit fin à ses jours de la sorte, ou non. Quoi qu’il en soit, j’en étais parfaitement incapable. Et ce, pour la simple et bonne raison, que je connaissais parfaitement les raisons de son suicide. Non seulement elle n’était jamais parvenue à surmonter son handicap qui lui avait miné le moral depuis les premiers jours. Mais en plus, et surtout devrais-je dire, mon père l’avait totalement poussé à bout. D’abord en la trompant ouvertement et régulièrement avec une autre femme et ensuite, en tentant de la tuer. Et c’était sans mentionner son comportement froid et cruel à son encontre, la faisant sans doute même culpabiliser d’être en fauteuil roulant, alors que ce n’était en rien sa faute. Bref, à mes yeux tout était de la faute de mon père. Et c’était sans doute là la raison pour laquelle je finis par me rebeller pour de bon contre lui et ses méthodes qu’il employait à mon encontre, soit disant pour faire mon éducation. A treize ans, je me contentais de refuser d’accomplir le travail qu’il m’ordonnait de faire, et trouver des occupations autres. Par exemple, aider la cuisinière en cuisine, jouer avec mes sœurs, dessiner et un tas d’autres choses qui pouvaient être des occupations comme tout le monde en avait. Evidemment, mon père n’apprécia pas et tenta tout pour me faire cesser cette sorte de rébellion que lui-même aimait à rejeter la faute sur l’adolescence. Tu parles … Je m’étais simplement réveillé. Un peu tard certes. Mais j’avais pour habitude de dire « mieux vaut tard que jamais ». Quoi qu’il en soit, aucune des punitions que me lançait mon père, n’avait le moindre effet sur moi. Je me contentais de n’en faire qu’à ma tête. Ainsi commença-t-il à abandonner en me laissant faire à ma guise, bien qu’il ne m’accordât dès lors plus le moindre intérêt. Deux mois après la mort de notre mère à peine, il nous présentait sa petite amie avec qui il sortait depuis quelques mois. Il nous avoua, comme si c’était la plus belle et gigantesque nouvelle du siècle, qu’il envisageait de l’épouser. Sauf qu’il changea bien vite d’avis. En effet, lors d’un diner que nous partagions tous ensemble, sa petite amie comprise, il fut question d’enfants. Visiblement curieuse de savoir pourquoi mon père voulait déjà épouser cette femme, ma sœur ainée, Angela, leur demanda s’ils comptaient nous faire des petits frères et des petites sœurs. « Oh non, je ne peux pas avoir d’enfant … Le fait que votre père était déjà papa, était donc une grande qualité à mes yeux, vous pouvez me croire. » Répondit-elle avec un immense sourire. Mon père se figea alors et devint d’une pâleur effrayante. Je ne pu m’empêcher d’afficher un immense sourire en lui adressa un regard presque triomphant. Je venais de comprendre que la seule chose qui l’intéressait chez cette femme, c’était l’éventualité qu’elle puisse lui faire un enfant. Un garçon bien entendu. C’était là la raison pour laquelle il avait cessé de se battre contre moi et le fait que je n’éprouvais plus l’envie de lui obéir concernant le travail. Il avait pensé trouver une femme capable d’assurer sa descendance. Il vit mon sourire, en comprit le sens, et me lança un regard noir. Pour toute réponse, mon sourire ne s’élargit que plus encore. Vous vous en douterez sûrement, c’était la première et dernière fois que nous voyions cette femme qui avait partagé la vie de notre père fort peu de temps. Elle ne pouvait pas lui faire d’enfant, elle l’intéressait donc bien moins.

Après cette brutale et douloureuse désillusion, mon père sembla à nouveau peu enclin à me laisser la moindre liberté. En réalité, cela devint une véritable torture lorsqu’il commença à m’interdire de sortir de ma chambre en dehors des heures de repas. Je ne pouvais même pas prétendre en sortir pour ma toilette ou mes besoins pressants, puisque j’avais une salle de bains et toilette, personnel, comme toutes les chambres de cette foutue maison qui était rapidement devenue ma prison. Je tentai bien de lui faire entendre raison en lui proposant un marché. A savoir, que j’étais prêt à travailler autant qu’il le voudrait, du lundi au vendredi, après les cours. Mais que le week-end, je puisse faire ce que bon me semblerait. Il refusa tout net, affirmant que c’était lui qui commandait. Il avait raison, c’était lui le père. Sauf qu’il n’avait pas les capacités de me forcer à faire des choses que je ne voulais pas faire. Il aurait bien pu se mettre à la torture physique, que ça n’aurait strictement rien changé. Je finis donc par me rebeller un tant soit peu et à ne faire que ce que je voulais faire. Quand je ne voulais pas travailler, je ne le faisais pas, quand je voulais rester avec mes sœurs je le faisais et ainsi de suite, pour toutes les choses de la vie, purement et simplement. Je n’étais pas encore en âge de me dévergonder totalement et de me mettre à faire telle ou telle connerie. Mais il était certain que je ne comptais plus être le petit pantin de mon père. Il ne tarda pas à le comprendre d’ailleurs. Et à défaut de pouvoir m’arrêter et me forcer à bosser, il tenta de faire mine de rien, dans l’espoir que je finisse par revenir à de meilleurs sentiments. Ce qui n’allait pas arriver de sitôt bien entendu. Mais ça, il semblait l’ignorer. Quoi qu’il en soit, à quatorze ans, c’était déjà l’âge de la rébellion pour ma part. Et, étonnamment ou non, ma grand-mère semblait vouloir m’aider dans cette voie là. Etonnamment dans le sens où les grands-parents étaient tout de même censés être là pour donner raison aux parents plutôt qu’aux enfants. Surtout lorsque ceux-ci partaient totalement en vrille et se rebellaient contre leurs parents. Mais il fallait bien reconnaître que j’étais tout de même pardonnable pour le coup, lorsque l’on considérait le fait que mon père m’avait toujours interdit la moindre petite liberté, aussi minime soit-elle. Bref, mon père perdait totalement pied et ne savait plus comment agir avec moi. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il pouvait de moins en moins me retenir contre mon gré. Bien sûr, je n’étais pas encore le petit rebelle qui se met à toucher aux drogues et à l’alcool, à seulement quatorze ans. Je restais sage … Beaucoup trop sage. Mais ce n’était plus qu’une question de temps, avant que je ne me rebelle pour de bon, je n’avais pas de doute à ce propos. Quoi qu’il en soit, même si je refusais de bosser autant que ce à quoi mon père m’avait toujours habitué, il n’en demeurait pas moins, que je continuais de rapporter de bonnes notes. Et c’était bien pour cette raison là, qu’il me laissait un minimum tranquille, selon moi. Je continuais donc tranquillement ma petite vie et commençais sérieusement à m’entourer de plus en plus d’amis. Je me découvrais un naturel pour le moins sociable et je m’intéressais sincèrement aux gens qui m’entouraient. J’étais du genre à bien m’entendre avec tout le monde. Mais il fallait pour cela, que je prenne plus le temps de les connaître et de leur parler. Ce que je faisais depuis que j’apprenais à me rebeller un minimum contre mon père ce dictateur. Bref, je me fis donc une vraie bande d’amis. Bande d’amis qui n’avait toujours pas le droit de venir chez nous bien entendu. Sans quoi, je ne doutais pas que mon père me priverait définitivement de consoles de jeux que j’avais si durement gagnés après maintes et maintes insistances de la part de ma grand-mère. Mais aussi, que je n’aurais de nouveau plus le droit de rester en compagnie de mes sœurs qui vivaient encore là, et j’en passe. En clair, je me rebellais mais gardais quelques règles pour éviter d’aller trop loin. Je savais parfaitement que mon père pouvait mettre le holà dès qu’il en déciderait ainsi. Après tout, je restais son fils. Et l’idée de fuguer, même en sachant que j’aurais toujours quelqu’un chez qui loger, ne m’avait jamais effleuré l’esprit. J’étais encore naïf de toute évidence. Je voulais croire que mon père s’habituerait à cela et accepterait de me voir vivre ma vie comme celle de n’importe quel autre adolescent de seulement quatorze ans. Après tout, je restais un enfant sage et sérieux. Ce que j’ignorais, c’était que mon père prévoyait un déménagement qui allait avoir le don de me chambouler plus que de raison. Il voulait et allait quitter New-York, pour Miami. Son plan était tout simple. Il désirait m’éloigner de toutes les personnes qui étaient susceptibles de m’aider en cas d’une quelconque vraie rébellion de ma part. Ma grand-mère ne pouvait décemment pas quitter le logement qu’elle avait partagé avec son époux, durant de longues décennies. Quant à mes trois plus grandes sœurs, elles avaient soit leur vie, soit leurs études là où elles se trouvaient et ne pouvaient ou ne voulaient tout simplement pas quitter la ville. Mon père prit donc la décision définitive, de déplacer le siège sociale de l’entreprise familiale, pour le faire venir à Miami, où nous allions démarrer une nouvelle vie. Nouvelle vie, autant pour lui que pour moi. Puisque ce que nous ignorions tous les deux, c’était que cet éloignement avec le reste de ma famille pour, en plus, arriver dans une telle ville, allait définitivement me faire virer du mauvais côté. Fini le jeune Nolan qui gardait des limites bien définies, qui ramenait de bonnes notes et j’en passe. Il venait très certainement de faire la pire erreur qui soit, sans le savoir. J’avais quinze ans …

Une villa dans une ville ensoleillée, en bord de plage. Du luxe tapageur, des filles qui se promenaient à trois quart nues, dans les rues de la ville, des bars et des boites de nuits à tous les coins de rues, l’alcool qui coulait à flot, les drogues qui circulaient aussi aisément qu’un journal en allant de main en main. Et moi, je n’avais que quinze ans. Et pour une personne telle que moi, qui était déjà en plein début de rébellion, il y avait largement de quoi partir totalement en vrille et pour de bon cette fois ci. Qui dit nouvelle ville, dit nouveau lycée pour moi. Et qui dit nouveau lycée, dit aussi, forcément, nouveaux amis. Et croyez-le ou non, dans cette ville et à cet âge là, je n’ai rencontré que de grands amateurs de fêtes en tout genre. Bien entendu, la seule fois où j’eus le culot de demander à mon père l’autorisation de sortir un soir, il m’a rit au nez et m’a ordonné d’aller faire mes devoirs. En ne me voyant pas arriver comme prévu, à la soirée, mes amis débarquèrent et sans mal, m’incitèrent à sauter du premier étage, pour atterrir dans le jardin. Pour ce coup ci, je dois bien reconnaître que je n’avais même pas pris le temps de réfléchir à la façon dont j’allais m’y prendre, pour rentrer dans ma chambre, sans alerter tout le monde. A la vérité, je ne réfléchissais pas à grand-chose. Tout ce que je voulais, c’était m’éclater comme jamais. Ce que je fis d’ailleurs sans trop de mal, avec ma nouvelle bande d’amis. Malgré tout, je demeurais encore un peu sage, en gardant mes vieux réflexes de jeune garçon qui ne veut pas dépasser de trop, les limites mises en place par son père. Ainsi, lorsque je quittai la fête qui venait de se dérouler dans une immense villa du coin, en fin de soirée, j’étais encore clean. Je m’étais contenté de deux verres d’alcool et avais refusé de toucher à la moindre drogue. Bref, un adolescent modèle, n’est-ce pas ? J’étais donc suffisamment clean, pour trouver le moyen de grimper sur un arbre, pour remonter à ma chambre. Et le lendemain matin, à part me lever plus tard que prévu, je ne changeai rien à mes bonnes habitudes. Nous étions samedi et mon père travaillait, comme tous les autres jours de la semaine. Il ne remarqua donc rien lorsqu’il rentra ce soir là. Raison pour laquelle je recommençais la nuit même, la semaine suivante et ainsi de suite. Plus ça allait et plus je rentrais dans de piteux états. Les soirées durant lesquelles je me contentais d’un verre ou deux, laissèrent bien vite place aux soirées durant lesquelles, je me bourrais ouvertement la gueule. Voir même, je commençais à consommer de la drogue, de temps à autre. Pour cela néanmoins, je savais m’arrêter pour ne pas devenir totalement dépendant. Ce n’était en rien mon objectif puisque, tout ce que je voulais dans le donc, c’était m’amuser. Ni plus ni moins. Et je dus d’ailleurs apprendre à m’amuser, avec l’aide de ma nouvelle bande d’amis qui, pour leur part, étaient plus qu’habitués déjà depuis longtemps. De toute évidence, c’était ainsi que vivaient les enfants de personnes riches, qui vivaient à Miami. Et contre toute attente, même si j’avais toujours été trop sage pour être vrai, ceci n’était vraiment pas pour me déplaire. Plus le temps passait et plus je devenais un fêtard invétéré. Durant la première année, mon père ne se rendit compte de rien du tout. Pour la simple et bonne raison que j’avais toujours une astuce pour qu’il ne se rende compte de rien. La plus importante étant le fait que j’attendais de cuver un tant soit peu, avant de monter sur l’arbre, pour monter jusqu’à la fenêtre de ma chambre que je laissais ouverte quand je partais. Et les autres fois, je savais trouver en ma sœur ainée qui vivait encore avec nous, une alliée plus que parfaite. Généralement, elle descendait pour déverrouiller la porte d’entrée, pour que je puisse rentrer à mon retour, tout simplement. Ainsi, mon père n’y voyait que du feu et c’était pour le mieux dans le meilleur des mondes. Malheureusement, je n’avais même pas l’occasion de rendre l’ascenseur à ma sœur, puisqu’elle avait largement le droit de sortir faire la fête quand bon lui semblait, pour sa part. De toute évidence, notre père n’accordait pas autant d’importance à ses notes et études, qu’aux miennes. Etudes que j’allais devoir poursuivre dans le management bien entendu, puisqu’il voulait être tout à fait certain, que j’allais être à même de reprendre l’entreprise familiale à sa suite. Dans le fond, il valait bien mieux que j’ai poursuivis ces études là, plutôt que de me reposer sur les connaissances qu’il m’avait lui-même permit d’obtenir. En parallèle, j’allais suivre une véritable formation dans la pâtisserie, puisque c’était là ce que faisait l’entreprise familiale. Je ne pouvais décemment pas diriger une entreprise de pâtisserie spécialisée dans le cupcake, sans savoir en faire. Mon père lui-même, avait toujours refusé d’apprendre à cuisiner, même concernant la pâtisserie. C’était lui qui avait préféré se contenter des études de management, pour le plus grand damne de mon grand-père, qui avait bien vite comprit que son fils, allait prendre un mauvais chemin. Pour preuve, depuis qu’il était aux commandes de l’entreprise, il ne faisait rien d’autre que la paperasserie et avait la fâcheuse tendance à vouloir tout industrialiser et envoyer à l’étranger, pour plus d’économies et de rentabilité. Ce n’était pas le but premier de l’entreprise qu’avait conçu mon arrière grand-père pourtant. Mais comment lui faire entendre raison, alors qu’il était sans doute l’homme le plus têtu qui soit ? C’était tout bonnement impossible. Et je n’étais que son fils. Je ne pouvais donc rien faire d’autre que me jurer intérieurement, de rendre l’entreprise telle qu’elle avait été, avant son arrivée au sein de celle-ci, en tant que président directeur général. Je lui rendrais son cachet et son prestige d’antan. Enfin … Lorsque je cesserais de m’amuser comme je le faisais, pendant que mon père bossait …

J’avais seize ans, lorsque mon père m’offrit ma première voiture. Le jour de mon anniversaire d’ailleurs. Le genre de voiture bien coûteuse mais qui, pourtant, n’est pas trop tape à l’œil. C’était sans doute là la seule qualité qu’avait mon père. A savoir, qu’il n’avait pas le goût du luxe pour le luxe. Ma voiture était belle, puissante et fiable. Mais il ne s’agissait pas d’une voiture de sport, de celles qui étaient courut par les bourgeois qui voulaient se la raconter lors de leurs petites sorties en ville. Ce genre de choses était d’un ridicule à mes yeux, qu’il était certain que je ne tomberais jamais dans une spirale aussi infernale que cela. Quoi qu’il en soit, j’utilisais désormais ma voiture plus souvent qu’il ne le faudrait. J’allais en cours avec, je me promenais en ville et allais même parfois au-delà du territoire de la ville de Miami, sans jamais m’égarer tout de même. Et surtout, surtout, je me rendais à toutes les soirées, avec. Ce n’était vraiment pas prudent de sortir le soir avec ma voiture, au vu de l’état dans lequel je terminais invariablement mes soirées. Mais c’était plus fort que moi. J’aimais grandement conduire et je ne pensais pas au danger que cela représentait, de conduire en étant en état d’ébriété. C’était donc pour cela que j’allais et revenais aux soirées, à bord de ma nouvelle voiture. Voiture qui, bien entendu, ne suivit pas bien longtemps la cadence. C’était une soirée comme toutes les autres. J’avais bu, j’avais consommé de l’ecstasy pour me mettre vraiment bien et je comptais reprendre le volant alors que je n’étais clairement pas en état de conduire. Mais c’était une habitude telle, que personne ne tenta de me faire changer d’avis. J’étais toujours très prudent en voiture mais plus encore, lorsque je sortais de soirée, après de grandes consommations de drogues et d’alcool. Bref, je pris donc le volant, comme à ma bonne habitude. J’enchainai les kilomètres à une allure normale et me concentrai sur la route avec force, pour ne pas manquer le moindre détail de la circulation alentour et les moindres mouvements. Je n’avais plus que quelques rues à traverser, lorsque le choc arriva. Une autre voiture, un groupe de personnes tout aussi ivres que moi, des piétons tout à fait innocents mais qui, malheureusement, se trouvaient là au mauvais endroit et au mauvais moment. Le conducteur en face de moi, était sans doute dans un pire état que le mien. En effet, ses réflexes étaient encore plus ralentis que les miens et il mit un moment avant de réaliser qu’un piéton se trouvait sur son chemin. Au tout dernier moment, il tourna le volant pour éviter le choc. Mais pour ma part, je n’eus pas le réflexe de me pousser pour éviter sa voiture, non plus. Résultat, il me percuta avec violence, envoya mon véhicule dans le décor. Décors qui s’avéra être un bâtiment … Contre lequel se trouvait une femme. Elle faisait partie de ceux qui se trouvaient là, au mauvais endroit, au mauvais moment. J’ai eus beau tourner et tourner encore le volant pour éviter la collision, rien n’y fit, ma voiture avait été propulsée avec bien trop de forces. Contre toute attente, même si je parvins à freiner suffisamment pour ne pas écraser littéralement, la personne, entre le mur et ma voiture, mon auto l’envoya valser droit sur l’immeuble. Dans un choc si terrible, que je ne doutais pas qu’elle ne pouvait y survivre. Pour ma part, je n’eus strictement rien si ce n’est une petite plaie sur le front. Rien de bien méchant. Cela me permit simplement de retrouver quelque peu mes esprits. Totalement sous le choc, je mis plusieurs minutes avant de comprendre ce qui venait d’arriver. Et lorsque je descendis de ma voiture, je réalisai à peine les personnes qui m’entouraient pour s’assurer que j’allais bien. La seule chose à laquelle je pensais, c’était que je venais très certainement de tuer quelqu’un. Même si je n’étais pas directement responsable, je ne pouvais que culpabiliser un tant soit peu. Si mes réflexes n’avaient pas été amoindris par l’alcool et l’ecstasy, j’aurais sans doute pu éviter d’être heurté par l’autre véhicule. Dans tous les cas, je n’aurais pas ainsi percuté une piétonne qui n’avait rien demandé. Bien qu’encore sonné et sous le choc, j’accourus auprès des personnes qui s’étaient regroupées autour de la victime. A grand renfort de coups de coudes, je parvins à me faufiler entre toutes les personnes présentes, pour arriver assez près de la femme, pour voir qu’elle était bel et bien morte. Très certainement sur le coup. Lorsque, un moment plus tard, on m’emmena à l’hôpital, je du reconnaître que j’étais sous les effets de l’alcool et de la drogue. J’étais persuadé que je serais jugé tout aussi coupable que l’autre conducteur, pour cet accident. Mais au vu de ce que nous venions de causer, quelques mois de prison, ne seraient que justice. Et j’étais totalement apte à les accepter et les faire, sans rechigner. Après tout, je le méritais amplement. La seule chose que je retins de mon bref passage à l’hôpital, ce fut les trois enfants qui pleuraient leur mère, en compagnie de l’époux de la défunte. A défaut de pouvoir faire quoi que ce soit pour leur rendre la vie de celle qu’ils pleuraient, je voulais les rejoindre. Quitte à me faire tuer par son époux. Je voulais leur expliquer, leur parler, m’excuser, les aider un tant soit peu dans leur deuil. Mais mon père qui était venu, m’en empêcha. Selon lui, j’avais fais assez de mal comme ça. Dans tous les cas, selon moi, je paierais tôt ou tard. Et cette pensée suffit à m’apaiser au moins pour cet instant. J’attendrais le moment où je serais jugé coupable, avec impatience. Il fallait que je sois puni, ni plus ni moins. Quelques jours plus tard, j’écrivis une longue lettre de pardon que j’envoyais à la famille dont j’avais retrouvé sans trop de mal. Je n’avais plus le courage d’aller les voir, si c’était pour lire la douleur dans leurs yeux. Mais au moins, je voulais qu’ils sachent combien je m’en voulais et combien il était dur pour moi, de vivre avec ça …

Le procès arriva enfin. J’avais dix sept ans déjà et j’étais toujours aussi prêt à accepter la peine que je prendrais. Quitte à passer un an ou deux en prison. Voir peut-être même plus, si les juges décidaient de ne pas être cléments avec moi. Et je ne demandais pas la moindre clémence. J’étais même prêt à accepter la plus grosse peine qui soit, pour un homicide involontaire. Après tout, j’avais joué avec le feu en conduisant dans un tel état. Je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. Et jamais, jamais, je ne pourrais oublier ni me pardonner quoi que ce soit. L’enterrement avait eut lieu rapidement après la mort de celle que j’avais tué. Je m’étais rendu à celui-ci, sans évidemment me mêler à la foule de personne venue lui dire un dernier au revoir. Je ne pouvais décemment pas me mêler à eux, alors que j’étais responsable de sa mort. Ce serait si irrespectueux de ma part, selon moi … Je m’étais donc contenté d’assister à la peine de toutes ces personnes, de loin. Et j’étais parti avant que les gens ne se détournent, pour être certain de ne pas avoir été vu de qui que ce soit. Personne ne me vit, donc. Et jamais je n’eus de réponse à ma lettre de pardon, de la part de la famille en deuil. Je ne pouvais décemment pas leur en vouloir bien sûr. Je n’avais moi-même jamais pardonné à mon père le décès de ma mère qui, selon moi, était totalement de sa faute. Il était d’une évidence flagrante, que c’était de sa faute, de toute façon. Tout portait à croire que oui. Plus encore pour moi, qui étais sans doute la seule personne vivante, en dehors de mon père, à savoir qu’il avait tenté de la tuer. Pour en revenir, donc, au jour du procès, j’avais moi-même demandé à plaider coupable. Mais à la fin, malheureusement ou heureusement pour moi, je fus jugé non coupable alors que l’autre conducteur, prit plusieurs années de prison. A la fin du compte, je n’eus qu’une simple petite amende pour conduite en état d’ébriété. Amende que mon père eut tôt fait d’essuyer, sans sourciller. Depuis l’accident, il ne m’avait pas adressé une seule fois la parole. Il m’avait même acheté une autre voiture, comme si de rien n’était. Comme si cet accident n’était qu’une banale petite accroche parmi tant d’autres. Ca n’avait même pas censé l’ébranler, que j’ai pu avoir un accident de la route. Il n’ouvrait plus la bouche en ma présence, ne m’accordait pas le moindre intérêt, m’ignorais comme si je n’étais pas là et j’en passe. J’étais même surpris qu’il ne m’ait pas tout simplement engueulé, en réalisant que je sortais toutes les semaines pour faire la fête, sans le prévenir. Je m’étais attendu à tout, sauf à cela. Même si je tentais de ne pas montrer combien cet accident pouvait me hanter, je ne pouvais pas reprendre ma vie comme avant. Les fêtes pour moi, se faisaient plus que rares tant je craignais d’être tenté de boire puis, de reprendre la route pour rentrer. Sans doute était-ce pour cela, d’ailleurs, que mon père avait décidé de ne finalement pas m’engueuler. Parce qu’il était parfaitement conscient du fait que, avoir causé la mort d’une personne, suffirait à me calmer. Ce n’état pas tout à fait faux. Mais le fait de ne pas m’adresser la parole, montrait à quel point je l’avais déçu. Toutefois, il n’agissait pas comme un père aurait du le faire, selon moi. Un vrai et bon père, aurait plutôt été présent pour son enfant, pour tenter de lui faire remonter un tant soit peu la pente. Au lieu de cela, il était plus absent que jamais dans ma vie et refusait de me parler ou même de simplement me regarder. Dans le fond, ce n’était pas une très grande perte non plus et je n’allais pas faire le premier pas. Plutôt mourir. Au moins, il me laissait en paix sur tout ce qui touchait à ma vie. Il ne cherchait plus à savoir si je bossais comme un forcené, si je ramenais de bonnes notes, ni même si j’allais faire les études qu’il attendait de moi. Chose que, en effet, je fis tout de même. J’entrai dans une fac de gestion et management et continuai à bosser comme un forcené, pour ramener le plus de bonnes notes possibles. En parallèle, j’entrepris de démarrer une formation dans la pâtisserie. Rapidement, ce fut une chose qui me plut plus que de raison. Peut-être était-ce de famille, ce genre de passion pour le moins atypique pour un homme. Mais dans ce cas là, ça avait sauté la génération de mon père, puisque lui même se foutait comme d’une guigne de tout ce qui était gâteaux et pâtisseries. Et ce, malgré le fait que c’était bien là son gagne pain, ce qui lui permettait d’être riche à ce point. Quoi qu’il en soit, ça ne m’empêcha aucunement de vouloir sincèrement me plonger là dedans, pour en faire mon métier. Je ne serais pas président directeur d’une entreprise de pâtisserie, sans être capable de mettre parfois la main à la pâte. Sans compter que je comptais bien faire en sorte que le côté artisanale de l’entreprise, reprenne le dessus sur le côté industriel. Bien entendu, je n’en parlais aucunement avec mon père puisque, de toute façon, il se fichait royalement de moi, depuis mon accident. Il aurait pu m’affirmer qu’il ne voulait plus de moi sous son toit, que cela ne m’aurait aucunement surpris, dans le fond. Il était impossible de le nier. Je commençais même sérieusement à me demander s’il envisageait toujours de me laisser prendre sa suite. Même s’il était certain qu’il n’avait pas trop le choix dans le fond, puisqu’il n’avait pas la moindre autre descendance masculine. Quoi qu’il en soit, je préférais être parait à toutes les éventualités pour pouvoir agir en fonction des décisions de mon père. Car je ne doutais pas qu’il trouverait forcément le moyen de me surprendre, en n’étant pas là où j’allais l’attendre. Je n’ignorais pas qu’il était prêt à vraiment tout, pour parvenir à ses fins. Quelles que soient ses fins d’ailleurs. S’il était un peu fou ? On pouvait voir les choses de la sorte, en effet. Moi je le connaissais suffisamment pour savoir ce qu’il en était. Il était un homme beaucoup trop prêt à tout, justement …

Dix huit ans. Pour tout le monde, c’est l’âge des grands changements. Mais pour moi, ça l’était plus que pour n’importe qui d’autre. Depuis plusieurs mois déjà, mon père sortait avec une gamine à peine plus âgée que moi. Et plus le temps passait, plus je me demandais si ce n’était pas tout simplement ça son projet, encore une fois. A savoir, avoir un fils. L’idée avait semblée lui être totalement sortie de la tête depuis le temps. Mais dans le fond, je n’étais pas capable de lire dans ses pensées, pour savoir si je me trompais ou non et s’il n’était pas simplement en train de prévoir une nouvelle fois, d’avoir des enfants avec une autre femme. Dans l’espoir d’obtenir enfin le fils de ses rêves. Celui qui serait capable de reprendre l’entreprise à sa mort, sans avoir à passer par l’étape difficile de la rébellion, à l’adolescence. Chose qui serait fortement vaine, selon moi. Surtout avec un père comme lui. Comment ne pas tout faire pour gagner une certaine liberté, après une longue enfance passée à devoir supporter toutes les contraintes mises en place par un père trop autoritaire et exigent ? Ce n’était qu’une question de temps pour que toute personne finisse par craquer devant tout cela. Je ne pouvais décemment pas nier ce fait puisque j’avais moi-même pété un câble, après trop d’années de frustration. Certes, tous mes excès d’alcool et de drogues, n’étaient pas vraiment une très bonne chose pour ce qui concernait mon asthme déjà bien présent en moi. Cela l’avait de toute évidence même empiré. Sans compter les souvenirs douloureux de l’accident qui avait causé la mort d’une mère de famille. Il m’arrivait fréquemment de me réveiller en pleine nuit, suite à des cauchemars insoutenables et sous les crises de panique qui suivaient, je faisais forcément de nombreuses crises d’asthme. L’un ne pouvait pas aller sans l’autre et inversement. Quand je faisais une crise de panique, je faisais de l’asthme. Et quand je faisais une crise d’asthme, je paniquais. C’était aussi simple que cela. Pour en revenir aux grands chamboulements de ma vie, en réalité ils furent tout autres que ceux auxquels on pourrait s’attendre pour une personne comme les autres. Alors que j’étais en seconde année à la fac et que tout se passait au mieux pour moi, il fallut que le destin joue en ma défaveur. Grandement en ma défaveur, devrais-je plutôt dire, pour être plus exact. J’avais des amis, une vie stable, des études qui me plaisaient plus que je ne l’aurais cru et une vie de famille … Inexistante. Bref, je n’avais pas non plus de quoi me plaindre. Mais arriva le jour où tout bascula. Mon père était de sorti avec sa petite amie, pour assister à un espèce de gala où se retrouvaient tous les millionnaires du coin. Le genre de soirées totalement pathétiques, dont je ne comprenais pas vraiment l’intérêt. Aucun intérêt autre que celui de se pavaner en étant bien vêtu et aux côtés d’une personne qui était physiquement gâtée par la nature, en clair. Autant dire que ça n’avait réellement pas d’importance et que ça ne pouvait qu’être d’un ennui mortel. Quoi qu’il en soit, mon père y assistait toujours et n’en manquer pas une seule. Comme ce fut le cas ce soir là, avec sa jeune compagne. Ils étaient partis en début de soirée sans m’adresser la parole, comme d’ordinaire. Et c’était par ma sœur, Tracy, que j’avais appris qu’ils étaient partis pour cette soirée de riches. Ce qui, dans le fond, ne m’avait aucunement surprit. La soirée se déroulait donc tout à fait naturellement. Je fis mes devoirs et révisions jusque tard dans la soirée, bien que nous étions un vendredi. Une fois cela fini, j’allai me coucher, lorsque l’on sonna à la porte d’entrée. Quelque peu surpris, je filai à l’étage inférieur pour ouvrir, devancé néanmoins par Tracy qui se trouvait justement dans le salon à cet instant là. Je restai en retrait pour voir de qui il s’agissait, quelque peu inquiet tout de même, à l’éventualité qu’il puisse s’agi d’une personne mal intentionnée. Au vu de l’heure tardive, cela ne m’aurait pas tant étonné que cela. Mais ce fut totalement l’inverse d’une personne dangereuse, que l’on vit derrière la porte, puisqu’il s’agissait tout simplement de deux policiers. Tout simplement ? Sur le coup je ne songeai pas à m’inquiéter alors que j’aurais franchement du. Je mis un moment avant de réaliser ce que cela pouvait dire et lorsqu’enfin, je commençai à me douter, je m’approchai de ma sœur pour poser un bras sur son épaule et les regarder d’un œil inquisiteur.[color:6b86= darkslateblue] « Mademoiselle et monsieur Edgecombe ? Vous êtes bien les enfants de Monsieur Edgecombe ? » Jolie déduction, t’as fais maths sup’ pour entrer dans les forces de l’ordre ? Je laissai ma sœur répondre à ma place et me contentai de hocher faiblement la tête sans les quitter du regard, curieux d connaître la raison de leur venue. Et cela ne tarda pas à arriver d’ailleurs. Peut-être même trop rapidement, contre toute attente.[color:6b86= darkslateblue] « Votre père et sa compagne ont eut un accident de la route… Mortel. Ils sont malheureusement tous les deux décédés … » Avant, je souhaitais la mort de mon père. A cet instant, je le haïssais d’être mort. Mais ce n’était encore rien à comparer de ce qui allait suivre. Car en mourant, il me foutait dans une sacré belle merde. Je ne m’étais pas trompé lorsque j’avais deviné qu’il montait très certainement un plan bien foireux qui allait me choquer, me surprendre et sans doute même foutre ma vie en l’air. Mais il était encore trop tôt pour y penser. Il fallut aller reconnaître les corps à la morgue. Oui c’était bien eux. Ils avaient été percutés par un chauffard ivre. Cette histoire me rappelait vaguement quelque chose … Le lendemain, toute la famille descendait de New-York pour venir nous prêter main forte dans ce moment soit disant difficile et s’occuper des enterrements. Même s’il devait s’agir d’un moment outrageusement triste, j’étais heureux de retrouver ma famille … A vrai dire, je n’étais pas certain d’avoir été aussi heureux, depuis notre arrivée à Miami …

« L’argent se trouvant sur les comptes de Monsieur Edgecombe, sera reversée en quatre parts égales, à ses filles Angela, Barbara, Nikki et Tracy. Tous les biens physiques dont les logements primaires et secondaires ainsi que les véhicules de Monsieur, reviennent à ses quatre neveux et ses deux nièces. Nous en arrivons à présent à l’entreprise qui a été fondée par le grand-père de monsieur … » Comme un seul homme, toute la famille se pencha légèrement en avant pour être certain de ne manquer aucun mot de la suite des évènements. Nous étions une bonne vingtaine à être serrés les uns contre les autres, dans ce bureau minuscule, où le testament de mon père était en train d’être lu. Trois mois qu’il était mort et nous apprenions enfin ce qu’il allait advenir de sa fortune et de tout ce qu’il possédait, dont son entreprise. Mes uns comme les autres, nous savions parfaitement que c’était à moi que devait revenir cette dernière. Mais personne n’ignorait les relations tendues voir totalement absentes, qui me liaient à mon père. Bref, c’était bien pour cette raison que tout le monde s’inquiétait de la décision de mon père quant à savoir à qui reviendrait l’entreprise. « Dix pour cent de l’entreprise revient à sa sœur Amy, dix autres pour sa sœur Clara. Dix pour cent pour ses neveux James, Clark et Mitch. Pour terminer, vingt cinq pour cent reviennent à Stacy et les vingt cinq suivant, iront à Nolan. » Minute papillon. Pourquoi l’entreprise était-elle divisée en autant de parts ? Et surtout, surtout, qui était cette Stacy. Je me redressai sur mon fauteuil et tournai la tête à droite et à gauche pour tenter de trouver la personne, comme si elle était coupable de tout cela. Mon regard suivit celui des autres personnes présentes, pour se poser sur une fille qui avait de toute évidence mon âge. Des cheveux noirs, des yeux bleus … La ressemblance avec moi était évidence. Elle était ma cousine. Mais de quel droit obtenait-elle une part aussi importante que la mienne ? « En ce qui concerne la part de Nolan Edgecombe, elle a tout de même des conditions. » Le silence retomba dans le bureau, comme par magie. Ainsi, il n’était même pas certain que l’entreprise puisse me revenir, même une part simplement. Chose qui serait révoltante pour tout le monde. « Pour obtenir sa part, Nolan devra épouser Stacy Millers, sa cousine. » C’était une blague. Une blague de très très mauvais goût et je refusais d’en écouter davantage. « En cas de refus ou en cas de divorce, la part de Nolan reviendra à miss Millers. » Et laisser à cette fille que je ne connaissais presque pas, les commandes de l’entreprise familiale ? De cette entreprise qui devrait me revenir de droit ? Non, plutôt crever. C’était à elle de renoncer à ses parts qui me revenaient de droit. Tout en tentant de canaliser ma rage devant l’injustice dont j’étais victime, je me tournais vers la brune qui redressa la tête, comme pour me défier de dire ou faire quoi que ce soit qui pourrait aller à l’encontre de ce stupide testament. « Je rachète ta part. Le prix que tu voudras ! » Lâchais-je contre toute attente, en réalisant que depuis le jour de mes dix huit ans, la moitié de la fortune que m’avait légué mon grand-père à sa mort, reposait sur mon compte en banque. Je ne doutais pas qu’il n’aurait pu qu’approuver un tel achat. Il devait même très certainement se retourner dans sa tombe, à cet instant là. Son petit fils n’obtenait pas l’entreprise familiale que son père avait construite de ses propres mains et avec sa maigre fortune, à la sueur de son font. Sacrilège. Je ne comprenais même pas pourquoi mon père avait fait cela. J’avais beau le connaître, je ne pouvais ni le comprendre ni lui pardonner. A la vérité, je ne l’avais jamais autant détesté que depuis qu’il était mort. « La revente des parts au sein du couple dans le sens de Stacy à Nolan, est interdite, s’il n’y a pas de descendance mâle à même de récupérer l’entreprise. » Après une longue minute de silence, je fus pris par un intense et irrémédiable fou rire. Le bougre avait pensé à tout. Si je désirais obtenir les vingt cinq pour cent de celle qui devait être mon épouse, je devais d’abord lui faire un fils. Et ensuite, encore faudrait-il qu’elle accepte de me vendre ses parts. Et là, rien n’était moins sûr. Je savais parfaitement pourquoi il avait monté un plan aussi diabolique. Mais cela ne m’empêchait aucunement de le haïr comme jamais je n’avais haïs personne, de toute ma vie. Il était horrible. Le pire père qui puisse être. Et jamais je ne pourrais lui pardonner de me faire une chose pareille. Même mort pour de bon, il trouvait le moyen de dicter ma vie du début à la fin selon ses propres envies. Je ne pouvais pas croire que j’allais réellement épouser une parfaite inconnue alors que je n’avais que dix huit ans. Parfaite inconnue qui était tout de même ma cousine … Par le sang. C’était si dégoûtant que je trouvais encore matière à en rire. Pris d’un fou rire incontrôlable, je finis bien vite par étouffer. On me tapa dans le dos, on s’inquiéta de ma pâleur cadavérique. Et à grandes peines, je parvins à porter ma Ventoline à mes lèvres, pour en prendre deux grandes bouffées. Après un moment pour tenter de m’en remettre, je me redressai dans mon siège, demeurai immobile un moment et reportai mon attention sur l’homme assit en face de moi, qui semblait sincèrement compatir pour ma situation. Ce qui ne me réconfortait en rien. Ce n’était pas de la compassion, de la pitié ou tout autre sentiment stupidement humain, qui allait changer quoi que ce soit à la situation. Mon père s’était bien arrangé pour cela, bien entendu. « J’ai droit à combien de temps pour réfléchir ? » Demandais-je alors, d’une voix faussement calme. « Le mariage doit se dérouler dans le mois qui suit la lecture du testament. » Un nouveau rire nerveux s’échappa d’entre mes lèvres.

Officiellement mari et femme. J’avais presque envie de rire tant la situation était à la fois étrange, choquante, révoltante et … Franchement drôle ! Inlassablement, je faisais tourner l’alliance autour de mon doigt. Une alliance en or. Elle avait voulu faire graver son prénom dedans. J’avais été pris d’un tel fou rire à cette idée, qu’elle avait bien du y renoncer, vexée par mon comportement. Elle avait voulut venir vivre dans la villa que je partageais toujours temporairement avec ma sœur, le temps de préparer le mariage. Une nouvelle fois j’avais ris, en pensant qu’il s’agissait d’une plaisanterie. Dans son regard, je n’avais eus aucun mal à comprendre qu’elle se vengerait par la suite. Je me comportais mal avec elle et j’en étais bien conscient. Après tout, elle était dans le même bateau que moi, non ? Elle n’avait rien demandé, elle non plus. Mais elle semblait accepter toute cette horrible évidence, avec tant de calme, que c’en était à la fois gênant et dérangeant. J’avais presque la sensation que l’idée de ce mariage n’était pas pour lui déplaire. Ce qui ne pouvait tout de même pas être vrai … N’est-ce pas ? Néanmoins, je ne pouvais strictement rien faire d’autre que l’épouser. Je refusais que cette entreprise qui me revenait de droit, tombe dans les mains d’une inconsciente et naïve gamine qui n’avait sans doute jamais appris à gérer quoi que ce soit d’autre qu’une boite mail et un journal intime. Je la détestais sans la connaître. Sans doute parce que je rejetais toute la haine que j’avais à l’encontre de mon père, sur elle. Et je n’en ressentais que du réconfort et de la satisfaction. Je ne m’étais aucunement occupé des préparatifs du mariage, préférant amplement la laisser se démerder seule. Aux questions : dois-je porter une robe blanche ? Puis-je acheter une vraie colombe ? Faisons-nous le mariage à l’église aussi ? De quelles couleurs désires-tu voir la salle décorée ? Comment vois-tu la pièce montée ? Une idée du champagne que nous achèterons ? Je m’étais contenté de répondre « je m’en fous » à tout, sans jamais lui accorder un réel intérêt. Concernant le fait de savoir si nous allions partir quelque part pour notre lune de miel, mon rire moqueur lui suffit à comprendre que non. Sans doute même comprit-elle qu’il n’y aurait pas de lune de miel. Dans l’immédiat, la seule idée de son corps contre le mien, suffisait à me donner des nausées sans nom et des montées d’angoisse. A présent, les cauchemars qui me hantaient, n’avaient plus rien à voir avec l’accident que j’avais eus deux ans plus tôt et qui avait causé la mort d’une jeune femme. Maintenant, ils concernaient tous cette fille que j’allais épouser. Le simple fait d’avoir du l’embrasser le jour de notre mariage, m’avait grandement coûté. Même si je m’étais contenté d’un bref et chaste baiser. Je n’ignorais pas que toute notre famille s’inquiétait au sujet de notre mariage. Mais pas assez pour en parler néanmoins. Les uns comme les autres, ils semblaient totalement persuadés que nous parviendrons à nous faire l’un à l’autre et finalement, à connaître un mariage heureux. Que c’était hilarant … Les photos qui furent prises ce jour là, ne montraient rien d’autre qu’une fille qui tentait de montrer assez d’enthousiasme pour deux. Alors que moi, j’avais plus l’air du type qui prend le chemin qui va le mener à la chaise électrique. Etrange comparaison et pourtant si fidèle à la réalité. Vivre aux côtés d’une inconnue, c’était la mort assurée. Surtout que cette inconnue m’ennuyait plus que de raison, pour être tout à fait honnête. Elle était trop … Je ne saurais trouver de mot assez fort pour la décrire. Tout ce que je pouvais dire, c’était qu’elle portait bien trop d’importance à ce mariage qui n’en n’était pas vraiment un à mes yeux. A croire qu’elle était sincèrement heureuse de m’épouser. Elle ignorait qu’elle signait le pire contrat de sa vie, pourtant. Et sans doute commençait-elle déjà à réaliser. Depuis une semaine que nous étions mariés, nous étions en plein déménagement, pour prendre un appartement luxueux en centre ville. Elle désirait continuer ses études dans la finance et me laisser tout à la gestion de l’entreprise, avec l’aide du reste de la famille. C’était au moins cela en moins sur mes épaules, que d’avoir à supporter ses idées stupides et sa présence dans les bureaux. Je tentais dans un même temps, de poursuivre mes études par correspondance, ce qui n’était pas tâche aisée. Je peinais à tout faire à la fois. Gérer mes études, une entreprise et tenter de supporter une épouse dont je ne voulais pas. Depuis le mariage, j’étais parvenu à trouver des excuses pour expliquer pourquoi nous ne dormions toujours pas dans le même lit. Les premiers jours, le déménagement était la seule et unique raison. La veille au soir, je m’étais accidentellement endormi dans mon coin bureau, le nez dans les bouquins de cours. Et ce soir là, j’étais encore debout alors qu’elle-même était couchée depuis deux bonnes heures. Elle devait forcément dormir, ce qui me laissait un peu de répit. Assit sur une chaise longue sur notre immense terrasse, je regardais le ciel sombre et décoré de millions d’étoiles, qui me surplombait de toute sa hauteur. A la pensée de ce mariage dans lequel j’étais à présent enfermer, je me sentis peu à peu étouffer. Je tentai de garder le contrôle sur la crise qui arrivait à grands pas mais très difficilement. Je pris de longues et lentes goulées d’air. J’étais presque redevenu calme, lorsque j’entendis sa voix. Des frissons me parcourent de la tête au pied. Pas des frissons de désir ou autre connerie du genre. Masi bel et bien d’horreur et d’angoisse. Pourquoi ne dormait-elle pas comme j’avais osé l’espérer ? Je tournai un bref regard vers elle. Et à la seule vision de son corps qui ne m’attirait pas plus que ça, à peine dissimulé dans sa nuisette violette, je sentis la crise repartir de plus bel. Je lui gueulai d’aller dormir, avant de prendre deux bouffées de Ventoline. Ce mariage allait me tuer …


Dernière édition par J. Nolan Edgecombe le Jeu 1 Mar - 2:05, édité 10 fois
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J. Nolan Edgecombe

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I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] Vide
MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyLun 27 Fév - 22:15


it's my life ...

I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] 120220124706770949
Un an, huit mois, trois semaines et quatre jours. C’était le temps depuis quand j’étais marié à cette fille que je n’aimais absolument pas et qui me tapait un peu plus sur le système chaque jour. L’un comme l’autre nous avions dix neuf ans. Bien qu’ancien fêtard invétéré pendant une bonne année, je n’avais jamais été un coureur de jupon. A la vérité, la seule aventure que j’avais eut, s’était produite quelques petites semaines avant mon mariage, donc après la lecture du testament. En clair, je n’avais fais cela que pour avoir la sensation de n’avoir pas tout perdu non plus. En sachant que tôt ou tard, j’allais devoir me contenter d’une seule femme. Une femme dont je n’étais absolument pas amoureux d’ailleurs et que je ne désirais aucunement. Certes, elle n’était pas moche. Mais elle ne m’attirait tout simplement pas. C’était le genre de chose qui ne s’expliquait pas. Sans compter le fait qu’elle était tout de même ma cousine, ce qui me faisait frémir ouvertement d’horreur. Quoi qu’il en soit, cela faisait donc presque deux ans que nous étions mariés. Elle dormait dans la chambre principale et moi dans une qui était censée être une chambre d’amis. Je ne voulais pas coucher avec elle, pour la simple et bonne raison que je ne me sentais absolument pas prêt. C’était sans doute complètement idiot mais je voulais tenir le plus longtemps possible ainsi. Même si je ne doutais pas que, n’étant pas un surhomme, je ne pourrais pas tenir éternellement. Je ne doutais d’ailleurs pas que bien des gens se fouteraient de moi, s’ils apprenaient qu’à mon âge, j’étais presque puceau bien que marié depuis presque deux ans. Et finalement, le jour où je fus incapable de tenir plus longtemps, arriva. Je n’arrivais pas à dormir, j’étais littéralement en manque et elle s’était amusée à me chauffer toute la soirée. Je n’avais pas plus réagis que ça, pour la simple et bonne raison qu’elle ne me faisait pas le moindre effet. Mais le manque était plus que présent et je ne pouvais pas le faire taire éternellement. Raison pour laquelle je finis, contre toute attente, par la rejoindre dans le lit, un quart d’heure après qu’elle se soit couchée. Je ne pris pas le temps pour lui demander son accord, pour la préparer ou autre connerie de son genre. Je savais parfaitement qu’elle attendait ça depuis bien longtemps déjà, de toute façon. Il n’y eut pas le moindre mot doux, pas de baiser, pas de caresse, rien. Je répondais à un besoin plutôt qu’à une envie. Et lorsque je me laissais retomber sur le lit à ses côtés, je regrettais déjà. Mais je n’étais qu’un homme parmi tant d’autres et mes besoins étaient parfaitement légitimes. Pour la première fois depuis notre mariage, je m’endormis dans le même lit qu’elle et me réveillai au même endroit le lendemain matin. En croisant son regard, j’éprouvai une telle bouffée de frustration à l’idée que je venais de coucher avec cette femme, que je quittai le lit. Une demi heure plus tard, douché et habillé, je filai dans la cuisine pour préparer mon propre petit déjeuner. A son arrivée dans la cuisine, je détournai la tête lorsqu’elle voulu m’embrasser et lui lançai un regard choqué. Elle se redressa en me regardant sans paraître vraiment comprendre mon mouvement de recul. Ce qui me stupéfia plus encore sur place. S’était-elle donc imaginé des choses ? « Je pensais que … » Incapable d’entendre la suite, je me redressai en abandonnant mon déjeuner sur la table. « Tu pensais que quoi ? Que j’étais tombé amoureux de toi ? Laisse-moi rire plutôt ouais. J’en ai toujours autant rien à foutre de toi, sache-le. » Lâchais-je d’une voix haineuse, avant de me détourner pour aller récupérer ma veste que j’enfilai ainsi que mes chaussures et quittai sans tarder, notre appartement. J’avais beau me dire que je n’avais strictement rien fais de mal puisque nous étions mariés et que je restais un homme comme tous les autres, je ne pouvais m’empêcher de regretter un tant soit peu. Je ne l’aimais pas et je savais parfaitement que ça ne changerait jamais. Pour preuve, depuis deux ans que nous étions mariés, mes sentiments n’avaient pas le moins du monde évolués. Certes, je la détestais un peu moins qu’avant. C’était toujours ça ! Et la raison en était bien simple. Dans le fond, elle n’y était pour rien dans tout ça. Ce n’était pas directement de sa faute si notre grand-père avait décidé d’un truc aussi stupide, tordu et franchement dégoûtant. Et puis en plus de cela, elle n’était pas non plus aussi haïssable que cela. C’était du moins le cas à l’époque et j’étais loin de me douter qu’elle finirait par le devenir. A cet instant là, je pensais simplement que nous pourrions, à défaut de réussir notre mariage, au moins apprendre à nous entendre et nous supporter. Et avec un petit effort, nous devrions être capables de devenir amis. J’avais de l’espoir en effet. Mais ne dit-on pas que l’espoir fait vivre ? Car pour ma part, c’était bien ce qui me permettait d’avancer et rester sans trop broncher. Je continuais d’espérer qu’un jour, je serais libéré de ce mariage. Restait à savoir quand et comment. A presque vingt ans, j’avais fort heureusement, encore le temps d’y penser. J’avais toute la vie devant moi, même. Et dans l’immédiat, la fin de mes études et la reprise de l’entreprise familiale, avaient le don de me prendre une grande partie de mon temps, pour ne pas dire tout mon temps même. Et plus le temps passait, plus je craignais que n’arrive le jour où Stacy éprouvait subitement l’envie de nous aider dans la gestion de notre entreprise. Chose que je ne pourrais décemment pas accepter et encore moins supporter. Le simple fait de l’imaginer bosser dans la même entreprise que moi, dans mon entreprise, suffisait presque à me filer de l’urticaire. J’étais sans doute affreusement mauvais de penser de la sorte à son sujet, alors qu’elle ne m’avait pas fais quoi que ce soit. Mais c’était plus fort que moi …

Travailler avec sa femme, quand on est amoureux, ça peut être bien. Ca peut même être super bien et rendre tout le monde heureux, comme dans le plus merveilleux des mondes et bla bla bla. Mais travailler avec sa femme que l’on a déjà du mal à supporter à la maison, c’est tout bonnement invivable. Comme si, la voir se balader vêtue en tout et pour tout de mes chemises et tee shirt, dans notre appartement, en me suffisait pas, il fallait à présent que je la supporte dans les locaux de l’entreprise. Et le tout, en la voyant se trimballer, tirée à quatre épingles. Elle prenait un soin presque trop maniaque à toujours être présentable. Bien que nous avions justement une définition tout à fait différente tous les deux, de ce terme. Vêtue de tailleurs jupes aux couleurs flashies, avec des collants censés mettre en avant ses jambes qui étaient, il fallait le reconnaître, plutôt acceptables. Le tout, avec des talons aiguilles dont le bruit des claquements au sol, me tapait sur le système dès lors que je l’entendais. Question maquillage, elle faisait en sorte d’avoir un teint parfait et qu’on ne voit que ses yeux. Avec son teint pâle de nature et blanc à cause du maquillage, j’avais plus la sensation de me retrouver en face d’une poupée de porcelaine. C’était fou comme j’avais sacrément commencé à haïr les poupées de porcelaine, dès lors qu’elle s’était mise à leur ressembler. Sans parler de son parfum qui coûtait une somme exorbitante et qu’elle vidait à une allure folle tant elle en mettait. Il embaumait chaque pièce de l’appartement et provoquait de réelles et douloureuses crises d’asthme. J’étouffais dans tous les sens du terme. Elle m’étouffait, ce mariage m’étouffait … Je devenais fou et pourtant, j’arrivais encore à la supporter. Dieu seul sait comment d’ailleurs. Sans doute parce que je commençais enfin à me faire une raison. Après trois ans de mariage, j’étais habitué à l’idée de devoir me la coltiner pour le restant de mes jours. Après tout, ce n’était pas comme si l’on m’avait donné le choix. J’avais beau savoir qu’un bébé de sexe masculin pourrait enfin me libérer de ce mariage, j’avais l’horrible certitude qu’elle refuserait de me vendre ses parts, quoi qu’il arrive. En clair, je n’aurais jamais l’entreprise entière, comme je l’aurais pourtant souhaité. Même la moitié me suffisait amplement. Dans le fond, tout ce que je désirais, c’était la diriger entièrement seul. Malheureusement, avec elle dans les pattes, j’étais continuellement obligé de discuter avec elle avant de prendre telle ou telle discussion. Pour la simple et bonne raison, qu’elle avait autant son mot à dire, que moi. Pour mon plus grand malheur d’ailleurs. La voir du matin au soir … Et du soir au matin, ne me plaisait vraiment pas du tout. Et pourtant je du apprendre à faire avec et accepter la routine qui s’installait peu à peu. Sans compter que plus elle prenait de l’assurance et plus je perdais de la mienne. Comme si, par pur instinct, je songeais que pour pouvoir nous supporter, nous devions avoir deux caractères totalement différents. Jusqu’à présent, j’étais celui qui contrôlait tout, qui n’hésitait pas à être horrible avec elle et j’en passe. A présent, c’était elle qui contrôlait tout, absolument tout. Pour preuve, elle venait de décider que nous valions bien plus qu’un simple appartement en ville. Raison pour laquelle, elle voulait que nous achetions une villa. Plus ça allait et pire elle était dans son côté femme superficielle et matérialiste. Mais de ça aussi, je m’étais déjà habitué. Après tout, elle était ce qu’elle était. Et que je le veuille ou non, elle était ma femme. Des mots qui ne me faisaient plus frissonner de dégoût. Au lieu de cela, je me contentais d’être tout simplement blasé. Totalement blasé et frustré d’être bloqué dans un tel mariage. Je la laissais gérer tout ce qu’elle avait envie de gérer, tant qu’il ne s’agissait pas des décisions importantes qui concernaient l’entreprise. C’était là le seul moment et le seul endroit, où je parvenais à garder encore un tant soit peu le contrôle des choses. C’était l’entreprise de mon arrière grand père, de ma famille, mon entreprise. Tout simplement. Et rien ni personne ne pourrait jamais me l’enlever totalement. Ce n’était pas à elle de décider de quoi que ce soit et je le lui faisais bien sentir d’ailleurs. Sans doute avec suffisamment de force, pour qu’elle décide de ne jamais insister de trop. Quand je lui disais non, c’était non, tout simplement. Et elle était loin d’avoir le pouvoir de me faire changer d’avis, quand ça concernait l’entreprise. Et c’était tant mieux à vrai dire. Quoi qu’il en soit, je parvenais à la supporter, tant qu’elle ne se mettait pas en travers de mon chemin, dans l’entreprise. Et au sein de celle-ci, il était tout bonnement impossible, de se douter que nous étions mariés ensemble, si l’on n’était pas au courant. Et ce, pour la simple et bonne raison que je lui avais bien fais comprendre qu’il y avait le boulot puis la vie privée. Je ne pouvais pas l’empêcher de s’approcher de moi en dehors de l’entreprise. Mais là, une fois au boulot, elle n’en n’avait pas le droit. Officiellement, c’était pour que nous gardions l’image des chefs des lieux, qui savaient être professionnels jusqu’au bout. La vérité, pour ma part, c’était que cela me faisait franchement des vacances, quand elle ne cherchait pas à me plaire ou autre connerie de ce genre. Dès que la porte de notre logement se refermait derrière nous le soir, elle s’imaginait avoir le droit de me sauter littéralement dessus. Je ne répondais jamais à ce genre d’étreintes de sa part. Elle semblait me désirer vraiment pour agir de la sorte. Or, ce n’était pas mon corps. Si je lui faisais l’amour une fois dans la semaine, c’était un exploit. Je pouvais me compter d’une fois par mois, parfois même moins. Je me foutais de connaître ses envies à elle. J’ignorais si elle avait comprit, depuis le temps, que je ne lui faisais pas l’amour pour elle, mais par besoin physique et tout à fait humain. Et de ça aussi, je me foutais royalement …

Quatre ans, sept mois, deux semaines et six jours. Le temps passait à la fois très lentement, outrageusement et foutrement lentement et à la fois, terriblement vite, beaucoup trop vite. J’avais la sensation que c’était long, parce que chaque journée me semblait être la même que la veille et je savais que lendemain serait pareil. Autant dire que c’était une torture psychologique, de tous les instants. Mais à côté de ça, j’avais la sensation que ça allait beaucoup trop vite pour moi. J’avais presque vingt trois ans, j’étais marié depuis presque cinq ans … Bref, je venais de perdre cinq années de ma vie, avec cette femme que je n’aimais pas. Je n’avais toujours pas trouvé la moindre solution pour me sortir de ce mariage. Il n’y en avait qu’une et une seule … Mais je savais qu’elle était tout bonnement impossible à utiliser pour autant. Pour la simple et bonne raison que même si je lui faisais un fils, elle refuserait de me laisser l’entreprise. De plus en plus, j’étais persuadé qu’elle tenait assez à moi, pour refuser de me perdre dans un divorce. Et c’était un fait qui me tuait plus que de raison. Non pas parce que je ne voulais pas la blesser. En toute honnêteté, de ça, je me foutais royalement. Mais j’avais pleinement conscience qu’elle refuserait toujours de me revendre sa part de l’entreprise, en sachant que ce serait enfin pour moi, l’ouverture de la porte qui me libérerait pour de bon. Pourquoi prendrait-elle le risque de me vendre ces foutues parts, si c’était pour me perdre ensuite, alors qu’il était certain que c’était justement ce qu’elle ne voulait pas ? Bref, dans tous les cas … J’étais définitivement foutu. Je n’aurais jamais le droit d’être heureux, je ne pourrais pas tomber amoureux d’une femme bien qui pourrait être faite pour moi et je pourrai encore moins l’épouser et lui faire des enfants. Avoir une famille à moi, une vraie, qui me comblerait de bonheur, m’était totalement interdite. Au lieu de cela, je devais me coltiner une épouse qui n’était autre que ma cousine par le sang et que je supportais vraiment limite. Plus le temps passait et plus je perdais mon identité. J’ignorais qui j’étais, qui j’avais été et qui j’étais censé être. Tout ce que je savais dans cette vie là, c’était que je voulais. A savoir que je voulais garder mon entreprise. Ni plus ni moins. Après tout, elle était censée me revenir de droit. Censée seulement … Et ça, c’était avant que mon père ne monte son plan totalement idiot. J’ignorais toujours le fin mot de l’histoire qui pourrait expliquer pourquoi il avait eut cette subite envie de m’obliger à épouser ma propre cousine, pour que je puisse obtenir un bout de mon entreprise. Depuis bien longtemps déjà, j’avais abandonné l’idée de pouvoir trouver comment m’échapper et retrouver une vie normale, avec la seule chose que je voulais et demandais : l’entreprise. Je savais que c’était tout bonnement impossible et autant me résigner avant de me détruire à cause de tout cela. Et puis de toute façon, à quoi bon perdre du temps inutilement, avec une question dont la réponse était et resterait toujours la même ? Je n’avais de toute évidence pas de temps à perdre aussi inutilement. Et trop réfléchir là-dessus, me donnait de faux espoirs et par conséquent, je risquais de me faire plus de mal que de bien à la longue. Et il était bien inutile de préciser que je n’avais réellement pas besoin de ça. Non pas que j’avais une vie qui me faisait souffrir plus que de raison ou autre connerie du même type. Mais j’étais tout de même bien loin d’être heureux, je ne pouvais décemment pas le nier. J’avais la sensation d’être seul dans cette vie, outrageusement seul. J’avais une famille nombreuse avec qui je travaillais au sein de l’entreprise, en plus de ça. Et pourtant, personne à qui parler et encore moins me confier. Tous semblaient intimement convaincus, que mon mariage avait fini par devenir on ne peut plus vrai et que les sentiments étaient nés entre nous. Oh oui des sentiments, il y en avait. Sans doute amoureux de la part de Stacy. Mais limite haineux, encore et toujours, pour ma part et à son encontre. Comment cela pourrait-il changer, alors qu’elle était de pire en pire et de moins en moins supportable ? A présent, je pouvais légitimement lui en vouloir de ce mariage. Pour la simple et bonne raison qu’elle me tenait volontairement prisonnier. Elle avait beau savoir que j’étais presque allergique à l’alliance que je portais au doigt et sentir combien mon second rêve le plus cher était de la quitter, elle continuait de faire mine de rien et d’exiger de ma part, que j’agisse un tant soit peu comme un époux, à défaut d’être modèle, normal. Au final, je pris presque l’habitude, de passer le moindre de ses caprices. Elle voulait quitter notre appartement pour avoir une villa, je le fis sans broncher. Elle voulait que nous assistions à des soirées de riches, j’acceptais sans rechigner. Exactement le même genre de soirées auxquelles mon père assistait de son vivant. L’une d’elles lui avait couté la vie. Dans le fond, je devais peut-être espérer que mon destin était le même que le sien. Mourir en rentrant de l’une de ces soirées assommantes, barbantes et tout ce que vous voudrez qui peut qualifier une soirée aussi merdique que cela. Oui, dans le fond, j’espérais que ça se terminerait ainsi. Plus de mariage, plus de bataille pour obtenir une entreprise qui était censée m’appartenir, avant que mon père ne semble en décider autrement. Rien ni personne n’aurait pu prévoir la bêtise de cet homme qui, dans le fond, fonctionnait peut-être bien à l’envers. Trop machiavélique pour être honnête. Trop riche pour voir autre chose que ses propres intérêts. Je ne doutais pas qu’il avait été heureux de montrer un truc pareil. Ainsi, même dans sa mort, il était parvenu à me dicter le restant de mes jours en me mariant avec cette femme susceptible de tomber amoureuse de moi. Astucieux. Je devais bien lui reconnaître ça …

Les jours, les semaines, les mois et les années passèrent, sans qu’aucun change n’arrive dans ma vie. C’était un quotidien, des habitudes, une suite successive des mêmes évènements, même décisions, même personnes, même tout. Je ne faisais plus attention à rien, mes gestes, agissements et mon comportement … Tout ça était mécanique. J’étais devenu un véritable robot doté d’une vie sans intérêt, purement et simplement. Je faisais ce qu’on attendait de moi, je n’avais plus goût à rien, je me foutais de la vie. J’étais à la fois toujours le même et à la fois un étranger pour tout le monde. J’étais toujours bosseur au point de me noyer dans mon boulot, entre autres. Je ne rentrais que très tard chez moi le soir, pour avoir le moins de temps possible à passer avec Stacy. Je tentais de faire abstraction de sa présence pour oublier que je la haïssais. Je m’habituais de plus en plus à sa présence, à notre mariage et à tout ce que cela comportait. Dans le fond, je n’avais même la force de la détester tant je m’étais perdu dans tout ce foutoir et me sentais comme anesthésié. Mon quotidien était toujours le même. Je me levais à l’aube, pour me doucher, m’habiller, prendre un rapide petit déjeuner et quitter la villa. Je filais ensuite sur une plage discrète pour m’étendre sur le sable et terminer ma nuit en profitant pleinement du bruit relaxant des vagues qui échouaient inlassablement sur le sable. Entre huit et neuf heures, je repartais, prenais un café dans le Starbucks du coin et un journal chez un marchand non loin, puis montais dans les bureaux de notre entreprise. Là, se déroulait une longue et interminable journée durant laquelle je ne faisais rien d’autre que la paperasserie. Je m’assurais que tout se passait pour le mieux, au sein des usines qui concevaient les pâtisseries. De même pour notre bureau d’étude et pour toutes les surfaces dans lesquelles nous vendions. Principalement les grands supermarchés, puisque c’était là que nous faisions le plus gros de notre chiffre d’affaire. Ce qui me déplaisait souverainement d’ailleurs. Depuis longtemps, je rêvais que nous remplissions davantage les pâtisseries alentours, plutôt que les supermarchés. Je rêvais même d’embaucher des petits vendeurs qui vendraient nos Cupcakes sur les plages en tirant leur chariot. Je voulais ouvrir des pâtisseries avec café, pour y accueillir et vendre mes propres créations. En clair, mes ambitions étaient totalement différentes de celles de mon père. L’opposé exact même et ben plus proches des ambitions de mon grand père défunt et de son père avant lui. Bref, je voulais revenir à du pur artisanat. Je voulais tout faire de mes propres mains. Ce serait bien plus fidèle à mes véritables ambitions. Malheureusement, je me sentais incapable de réaliser mes propres rêves. Pour la simple et bonne raison que je ne voulais plus rien faire dans le fond. C’était peut-être idiot mais c’était ainsi. Et rien ni personne ne pourrait jamais rien contre cela. C’était en tout cas ce que je pensais à cette époque là encore. A cette époque où je pensais que tout était terminé pour moi. Mort de chez mort, archi mort et blabla ! Plus de raison de me battre contre cet engrenage sans fin. Je subissais en silence, souffrais sans broncher, acceptais et la fermais juste. Pour en revenir à mes journées … Je quittais généralement les bureaux entre dix neuf et vingt et une heures. Cela dépendait de mon humeur du jour. A savoir, si j’étais prêt à supporter de retrouver Stacy tôt ou le plus tard possible. Cela dépendait totalement des jours, donc. Lorsque je rentrais, c’était manger, rester une petite demi heure devant la télévision et aller dormir. Le sexe dans tout ça ? Le week-end, de temps en temps. Quand je trouvais le temps et quand le besoin se faisait réellement trop ressentir pour être ignoré plus longtemps. C’était horrible et j’en étais bien conscient. Mais c’était ainsi. Sans compter que j’avais une raison de plus pour vouloir coucher avec elle le moins souvent possible. Sa nouvelle envie était d’avoir un enfant. Un bébé de moi ! Nous nous approchions rapidement et inexorablement, des trente ans. Et à cet âge là, toute femme rêvait de bébé, qu’on le veuille ou non. Et cette idiote ne faisait pas exception à la règle, bien entendu. Ainsi, je me retrouvais donc à devoir assurer seule, la contraception. Puisqu’après deux années de pourparler et de refus catégoriques, de ma part, concernant d’éventuels enfants, elle avait décidé de s’en remettre au destin. Selon elle, nous devions laisser faire les choses. Si elle tombait enceinte, c’était que c’était écrit ainsi. Sinon … Eh bien il n’y avait pas de sinon pour elle puisqu’elle était persuadée que ça arriverait tôt ou tard. Idiote ! Evidemment, elle avait été surprise lorsqu’elle avait réalisée que j’avais acheté des préservatifs. Elle le fut plus encore, lorsqu’elle réalisa que je les cachais, par peur qu’elle ne les trouve et ne les balance. Une fois elle les trouva et les jeta. Juste une fois … Le soir même, elle me chauffait comme jamais et en faible homme que je suis, je m’apprêtais à craquer. Et arrivé au moment de récupérer la contraception, je m’étais stoppé net en réalisant qu’ils ne se trouvaient plus là. Elle m’avait aussitôt ressauté dessus dans l’espoir de me faire oublier et craquer, au vu du désir qui venait de m’habiter. Raté pour elle. Le désir était brutalement retombé. Preuve flagrant de mon manque d’envie d’elle. Par la suite, elle sembla faire passer ses besoins sexuels avant ses envies d’être mère. Pour la simple et bonne raison qu’elle ne chercha plus à me refaire un coup aussi tordu. Au point où je finis par penser qu’elle ne chercherait plus à me parler enfant. Mais c’était sans compter sur le fait que la jeune fille faussement innocente que j’avais épousé, était devenue une garce finie, prête à tout pour obtenir ce qu’elle désirait plus que tout. A bien des égards, elle me rappelait mon père. Et putain, ça ne jouait pas en sa faveur ça !

« Oh putain je vais te tuer. Oh putain je … Mon Dieu ! Seigneur ! Donnez-moi la force de ne pas le faire. Retenez-moi d’égorger cette femme à mains nues ! Comment tu … Bon sang mais comment peut-on être aussi idiote, obstinée et horrible !? » J’avais beau savoir qu’elle était prête à absolument tout, jamais je ne me serais douté qu’elle irait jusque là. Abimer les préservatifs pour qu’ils craquent. Par la suite, j’appris que depuis des semaines déjà, elle s’amusait à les saboter dans l’espoir que ce moment arriverait. Le préservatif qui se déchire et donc, des risques évidents, de grossesse. J’ignorais s’il était possible de haïr quelqu’un comme je la haïssais … Mais bon sang, je rêvais d’empoigner son cou de mes deux mains et de serrer … Serrer et encore serrer. Jusqu’à voir ses yeux convulser, le sang quitter son visage et ses lèvres bleuir. Comme jamais, je voulais la voir morte. Durant des jours, je fus hanté par l’idée qu’elle soit enceinte. Je n’en dormais plus la nuit, m’alimentais à peine, ne parvenais pas à me concentrer au boulot … Bref, je paniquais. Et les crises d’asthmes hebdomadaires que je faisais, m’obligèrent à aller voir un médecin qui mit sur ces crises sur le compte d’un boulot trop fatiguant et stressant. Mis à l’arrêt deux semaines, je décidai d’accepter, pour garder ma femme à l’œil. Je ne comptais pas la laisser s’en tirer à si bon compte. Un mois après l’épisode désastreux, les premiers symptômes de grossesse arrivèrent. Seins douloureux, légers maux de ventre et surtout, surtout, les nausées matinales. Dès le premier matin où je fus réveillé par ses vomissements, je montais déjà mon propre plan, quitte à la faire avorter à son insu. Plutôt crever que d’accepter un enfant. Le jour même, je l’obligeai à faire un test de grossesse, qui s’avéra positif. Paniqué et énervé comme jamais, je lui ordonnai d’en faire un second, négatif celui-ci. Un tant soit peu rassuré, je l’obligeai ensuite à prendre rendez-vous avec un gynéco. Le rendez-vous fut prit puis arriva bien vite. Les tests se firent et je restai en retrait. Je ne lui tenais pas compagnie dans l’espoir d’apprendre que nous allions avoir un enfant. Mais bel et bien, pour que ça ne soit pas le cas. Bien vite, la sentence tomba. Elle n’était pas enceinte. Elle protesta, mentionna les symptômes … Le médecin s’excusa et parla d’une grossesse nerveuse. Elle désirait tant un enfant, qu’elle s’était elle-même persuadée qu’elle allait en avoir un. Je fus tout bonnement incapable de retenir mon éclat de rire et ne tardai donc pas à me moquer outrageusement d’elle. Elle n’avait pas terminé de parler avec le médecin, que j’étais déjà parti, lui laissant le soin de prendre un taxi pour rentrer. Elle n’était pas enceinte ! Ce soir là, je fêtais ça à ma façon. En lui faisant l’amour. Bon ok, non. Ce fut plus la guerre que l’amour. Aucune trace de tendresse, de douceur, ou de quoi que ce soit de ce genre. Juste de la violence, de la haine à l’état brut. Ce ne fut en aucun cas de la passion, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Mais bel et bien une envie, un besoin, de lui faire mal d’une certaine façon. Je n’éprouvai pas de plaisir supplémentaire à d’habitude malgré le fait que je déversai toute ma haine et ma rage sur elle. Mais j’éprouvai un certain plaisir à la voir si décontenancée par mes agissements. Le lendemain matin, j’avais déjà repris mes distances comme jamais avec elle. Je lui adressais plus du tout la parole et l’ignorais superbement. Cela dura deux voir trois mois puis la vie reprit son cours. La trentaine était passée. L’un comme l’autre, nous approchions des trente et un ans. Et enfin, enfin, elle semblait avoir accepté la perspective de ne jamais avoir d’enfant avec moi. Il était plus que temps, avais-je envie de dire. Je du évidemment faire face à sa vengeance tout de même. Dans le fond, je ne m’attendais pas à moins venant d’elle. Mais lorsqu’elle s’en prit à mon entreprise, je vis rouge. Je cru même la tuer lorsqu’elle obtint l’accord du reste de la famille, pour faire monter les prix de nos Cupcakes en grande surface. Comme si nous avions réellement besoin de cela, pour que notre entreprise soit rentable. Je pris sur moi pour ne pas lui montrer à quel point elle pouvait m’atteindre en touchant ainsi à mon entreprise. Je ne voulais pas lui montrer combien elle pouvait me détruire s elle le désirait, simplement en jouant avec mon entreprise comme s’il s’agissait ni plus ni moins, d’une arme de guerre. Une arme de destruction massive bien entendu, au vu de l’effet que ça pouvait me faire, de la voir faire ceci ou cela, sans mon accord. Elle n’avait pas besoin de mon accord pour faire certaines choses, tant que les cinq autres personnes qui avaient des parts, étaient du même avis qu’elle. C’était aussi mon cas bien entendu. Ainsi, je pu me venger un tant soit peu, en prenant à mon tour des décisions dans son dos. J’étais bien entendu, conscient du fait, que ça ne l’atteindrait jamais autant que cela pouvait m’atteindre, quand elle me faisait le même coup. Mais dans le fond, c’était sans importance. Pour la simple et bonne raison que j’étais parvenu à lui ravir la seule et unique chose qu’elle désirait par-dessus tout : avoir un enfant. Nous étions tous les deux prisonniers. Et c’était loin d’être un point commun qui nous rapprochait. Même si, après de longs mois, nous finîmes par retrouver une apparence de sérénité, tout à fait fausse évidemment. Tout le monde avait cru se rendre compte, autour de nous, que quelque chose clochait dans notre couple. Et cette imbécile inventa de fausses rumeurs. Soit disant qu’elle venait de faire une fausse couche. Trop amusé et narquois, devant une telle idée, je choisis de ne pas démentir. Elle était libre d’inventer ce que bon lui semblait. Et quand elle affirma haut et fort que j’étais stérile, je la laissai aussi faire. Ainsi, plus personne n’insisterait pour que je fasse une descendance mâle. Tant pis pour eux, tant mieux pour moi, avais-je simplement envie de dire et penser.

Fais pas ci, fais pas ça, dis pas ceci ni cela. Rentre ta chemise dans ton pantalon, va faire cirer tes chaussures, coupe tes cheveux, coiffe les mieux. Travail, ramène de l’argent … Tant d’ordres qui sortaient de la bouche de cette femme tout bonnement insupportable. Mais je devais faire avec sans rechigner. Non … je faisais bel et bien avec. Tout simplement parce que, à côté de cela, je n’avais plus à subit de coups bas de sa part tant que je restais moi-même sage. Elle ne s’attaquait plus autant à mon entreprise, bien que nos avis divergent totalement à son sujet. J’étais pleinement rassuré et je me sentais bien mieux dans ma peau et mon esprit, enfin ! Même s’il était vrai que je continuais de l’éviter comme la peste et que ma vie avait reprit exactement le même train train quotidien, qu’avant. Je rentrais le plus tard possible le soir, partais très tôt le matin et faisais en sorte d’être souvent en déplacement professionnels. Certaines femmes auraient douté de la fidélité de leur époux mais ce n’était pas son cas à elle. Selon elle, je n’avais jamais eus un appétit sexuel vraiment très normal pour un homme. En aucun cas, elle ne remettait en doute le fait qu’elle ne m’excitait sans doute pas assez, tout simplement. J’avais parfois la sensation qu’elle était d’une naïveté sans limites, quand ça concernait notre mariage. Mais comme si ma vie, notre vie, n’était pas assez désastreuse comme ça, il fallut que Sarah débarque dans notre vie. Sarah… Oh, je ne vous ais donc pas parlé de Sarah ? Cette gamine vulgaire, fêtarde et droguée comme pas permit, qui servait de fille à ma chère et tendre épouse ? En effet, elle était tombée enceinte à quatorze ans. Père inconnu bien sûr. Comment pouvait-elle se souvenir de tous les types avec lesquels elle avait couché entre ses quatorze et quinze ans, alors qu’il s’agissait d’une période de sa vie franchement mouvementée, sur tous les plans ? Sarah était née neuf mois plus tard et avait directement été placée dans une famille d’accueil. Jusqu’à notre mariage, Stacy alla la voir régulièrement, pour garder un tant soit peu son rôle de mère. Une fois mariés, elle garda cette gosse parfaitement secrète et cessa de la vor. Mais ça, c’était jusqu’au jour où elle réalisa, après sa putain de grossesse nerveuse, que je ne lui ferais jamais d’enfant. A partir de là, elle renoua contact avec sa fille, devenue adolescente et rebelle comme pas permit. Exactement comme sa mère, tiens. Cette fois ci, elle prit la peine de me mettre au courant. Je ne fus nullement déçu ou quoi que ce soit de ce genre, d’apprendre tout ça sur son passé. Parce que, soyons honnête, je m’en balançais de sa vie. Je décidai de faire des efforts concernant sa fille qui, dans le fond, n’avait rien demandé à la vie. Mais lorsque je la rencontrai, je changeai d’avis. Malpolie, mal élevée, vulgaire et vêtue comme une catin, je du prendre sur moi pour ne pas la gifler, quand elle décida de me rebaptiser « connard ». Cela aurait put s’arrêter ainsi. La voir une fois tous les mois, lorsqu’elle venait manger avec sa mère et que, malheureusement, je devais la supporter une journée entière. Ca, je pouvais encore le supporter et l’accepter sans broncher. Mais arriva le moment où Stacy eut le droit de récupérer la garde de sa fille. Enfer et damnation. Je crus mourir sur place. Comme si supporter la mère n’était pas assez, je devais aussi me coltiner la fille à présent. Les temps étaient durs, très durs. Je ne rentrais plus qu’à vingt deux heures le soir, lorsque j’étais certain de ne croiser personne à la villa. Et le vendredi, je trainais du pied comme jamais pour rentrer, tant l’idée de les revoir toutes les deux et pour tout un week end, ne me plaisait pas. Du genre … Pas du tout. Ce fut donc un vendredi de ce genre là, que je décidai de faire une pause dans un bar. J’étais loin de me douter que je venais de faire la connerie la plus belle, mais aussi la plus terrible, qui soit. Lorsque j’entrai dans ce bar que je ne connaissais que de nom, je songeais que j’allais boire un verre ou deux puis rentrer, malgré tout. Mais lorsque mon regard croisa le sien, j’hésitai entre la rejoindre sur le champ … Et prendre mes jambes à mon cou pour me barrer en courant. Oui, deux pensées, deux envies, totalement contradictoire. Tant d’ailleurs, que j’en oubliais de respirer. Mon asthme me rappela bien vite à l’ordre. Le manque d’oxygène me fit tousser. Je tentai de reprendre mon souffle entre deux quintes de toux, en vain. Très charmant et charmeur, en effet. Rouge, autant de honte que sous le manque d’air, je filai sans tarder dans les toilettes, où je m’enfermais de longues minutes durant, pour tenter de retrouver un peu d’air, à grands renforts de Ventoline. Je venais de me donner en spectacle devant cette fille qui m’avait statufié sur place, simplement par un regard. J’étais con, complètement con … J’hésitai entre partir et prendre mon courage à deux mains. Seconde option … Je rejoignis donc le bar derrière lequel je pris place. Et sans trop oser regarder la jeune femme dans les yeux, lui demandai un whisky. La brûlure de l’alcool me remonta le moral, un tant soit peu. Le verre suivant aussi, ainsi que le suivant, puis encore le suivant. Tout le temps que dura cette descente en flèche de mon envie d’arrêter et la descente de la bouteille, je suivais la jeune femme du regard. C’était idiot et sans doute flagrant mais plus fort que moi. Je me donnais l’impression de n’être qu’un putain de pervers, qui attendait le bon moment, pour sauter sur sa proie. Sans compter qu’elle devait avoir une petite vingtaine d’années, tout au plus. Soit, dix bonnes années de moins que moi. Où comment me rappeler que j’avais perdu ma vie entière, pour une entreprise, avec une femme que je n’aimais pas … « Vous devriez… Rentrer, vous êtes fatigué et l’alcool n’arrange rien vous savez… Je vais vous appeler un taxi, je m’en voudrai s’il vous arrivait un truc… » Totalement décontenancé et ramené brutalement sur terre, je relevai la tête vers la jeune femme. Je mis un moment avant de mettre un sens sur ses paroles et plissai le nez. Si elle savait … Si elle savait combien j’étais assez désespéré pour en arriver à me bourrer la gueule tel un poivrot, seul, dans un bar dont j’ignorais presque l’existence jusqu’à ce jour … Tout ça pour oublier ma vie et pour oublier le fait, que j’étais attendu …




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J. Nolan Edgecombe

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyLun 27 Fév - 22:15


it's my life ...

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Patati et patata se sont rencontrés sur un bateau. Aucun n'est tombé à l'eau (ahah vous y avez cru hein ?) eh ben non ! Patati et patata ont fait un bébé. Il s'appelait patate molle. En grandissant, il est devenu une belle et majestueuse patate. A vingt ans, il a eut un accident et s'est fait écraser. A demi puréisé, il a continué d'avancer gaiement dans la vie. A vingt quatre ans, il a épousé une jolie fritte fine et sans graisse, avec qui il a eut plein de bébés popatoes. Sauf que voilà ... La vie étant ce qu'elle est, le divorce est arrivé. Madame la frite avait rencontré la mayonnaise dont elle est tombée tellement amoureuse ... Patate molle était si triste, qu'il a voulu se suicider. Il a sauté dans un mixeur. Fort heureusement, panne de courant ce jour là, il s'en est sorti sans dommage. A présent âgé de huit mois, patate molle pourrie tranquillement dans un placard, où il a été abandonné. Les bébés potatoes ont atteint, quant à elles, leur objectif premier : être dévoré avec appétit, par une ribambelle d'enfants, avec une bonne sauce ketchup.


(vous l'aurez compris, ce post ne m'aura servit à rien. Tant pis, mieux vaut être prévoyant. Je garde de mauvais souvenirs des fois où je ne l'ai pas été *pleure avant de faire les yeux du chat potté*)


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Calypso B. Blackwood

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyLun 27 Fév - 22:19

Hiha : Jared :bave:. Bienvenue et bonne continuation pour ta fiche ♥.
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J. Nolan Edgecombe

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyLun 27 Fév - 22:22

Merci beaucouuup à toi =D
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Olivia I. Tribiani

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyLun 27 Fév - 22:26

Welcome parmi nous Very Happy
Contente que le forum vous ai plu :)
Bon courage pour vos fiches Very Happy
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J. Nolan Edgecombe

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyLun 27 Fév - 22:29

Merci beaucoup =)

Faut reconnaitre qu'il donne envie xD
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Drizzle-Elias Hawkins

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyMar 28 Fév - 6:16

bienvenue. ♥️ très belle histoire I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] 738600745
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J. Nolan Edgecombe

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyMar 28 Fév - 10:33

Merci beaucoup I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] 3823931141
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A. Bar Blacklove

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyMar 28 Fév - 10:54

bienvenue I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] 2124793060
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J. Nolan Edgecombe

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyMar 28 Fév - 12:07

Merci I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] 3823931141
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R. Katelyn Everwood

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyMar 28 Fév - 16:54

Bienvenue et merci de ton inscription I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] 2124793060
Bonne chance pour ta fiche, si tu as des problèmes ou des questions le staff est là pour toi I love you
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J. Nolan Edgecombe

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyMar 28 Fév - 16:57

Merci beaucoup
& pas de problème I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] 2124793060
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Charlotte Hamilton

Charlotte Hamilton

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyMar 28 Fév - 18:21

bienvenue. (a)
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J. Nolan Edgecombe

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyMar 28 Fév - 18:41

Merci beaucoup =D
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M. Dixie Everwood

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyMar 28 Fév - 22:25

Bienvenue I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] 2124793060
Bonne chance pour ta fiche :)
& Si tu as la moindre question, le staff est là Wink
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J. Nolan Edgecombe

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyMar 28 Fév - 22:49

Merci
& pas de problème =)
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Well, I never really play by the rules.

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyMer 29 Fév - 22:00

bienvenue (:
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J. Nolan Edgecombe

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyMer 29 Fév - 22:03

Merci =)
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M. Lhoà Bartholomew

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyJeu 1 Mar - 0:10

Mon Nolan I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] 4072808327

I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] 2140677374 *cela n'arrivera pas* La chute I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] 4111112379
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J. Nolan Edgecombe

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyJeu 1 Mar - 0:34

=((((((((( tu sors avant que je ne te la foute .... dans la tronche, la barre !
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M. Lhoà Bartholomew

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyJeu 1 Mar - 0:47

Pourquoi? Je t'offre un strip-tease et tu boudes ? Je vais aller me taper un jeune Sad
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J. Nolan Edgecombe

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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] EmptyJeu 1 Mar - 0:51

J'viens de relire ton message ... *s'étouffe de rire* j'ai cru que c'était le strip qui n'arriverait jamais *pleure de rire* j'avais pas vu la fin du smiley *se roule par terre en riant*
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MessageSujet: Re: I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée]   I won't suffer, be broken, get tired, or wasted... || Jefferson Nolan [terminée] Empty

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